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  • Créé le : 15/10/2006 01:49
    Modifié : 19/03/2016 00:05

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    Le Buteur s’invite chez les Zidane

    03/12/2006 01:13



    LE BUTEUR 02/12/2006
    Smaïl Zidane, le parcours d’un fils du pauvre
    Alors que Zinédine Zidane s’apprête à venir en Algérie en compagnie de son père, nous avons cru bon de brosser le tableau de ce dernier, émigré algérien emporté par la vague de l’exil durant les années de faim et de pauvreté. Nous avons rencontré Smaïl Zidane à la nouvelle maison familiale où il nous a reçus avec humilité et courtoisie. Le verbe posé, le ton bas, l’émotion à fleur de peau, il a raconté son parcours par des mots simples, agrémentant son récit par des citations du terroir.

    Alternant le français et le kabyle, il ponctuait ses mémoires par de longs silences durant lesquels son regard se perdait, sûrement plongé dans des souvenirs convoqués non sans nostalgie. Pieux, Dda Smaïl a souvent évoqué Dieu. «Tout ce que Dieu nous apporte est le bienvenu», a-t-il souvent répété. Récit du destin d’un père aujourd’hui comblé.

    Etre enfant dans la montagne, en période coloniale, sixième d’une famille nombreuse avec un père qui arrive très difficilement à joindre les deux bouts, Smaïl Zidane connaît très bien. Trop bien même. Dans le village Aguemoun haut perché sur la montagne surplombant la corniche bougiote, il souffrait en silence, le cœur laminé de voir ses parents et ses cinq grandes sœurs ne pas toujours trouver à manger. C’était «Le fils du pauvre», comme Mouloud Feraoun, son contemporain, a si bien décrit le vécu des enfants des montagnes dans son célèbre roman autobiographique. La période de l’adolescence n’est guère meilleure. A une époque où les vicissitudes de la vie faisaient devenir adulte à un âge précoce, il prend le parti de travailler afin d’aider son père. Sixième dans la hiérarchie des enfants, mais premier garçon, c’est à lui que revenait le rôle d’aller au charbon. «J’ai travaillé partout où je le pouvais avec pour seul espoir de ramener de quoi manger à la maison. C’était en général de petits boulots précaires dont le revenu n’était pas à la hauteur de mes attentes. J’ai travaillé en Algérie chez des Algériens, des Français, des Espagnols… Bref, partout où on peut gagner sa croûte. Mais je me suis rendu compte que je travaillais beaucoup pour si peu.»

    C’est alors que l’idée de partir là où il pourrait gagner plus lui taraude l’esprit. Il avait tout juste 15 ans lorsqu’il pense partir en France, un pays où, lui a-t-on dit, il trouvera du travail. En plus de sa motivation d’aider sa famille, un autre paramètre l’encourage à franchir le pas : il a de la famille à Marseille, le port d’attache naturel de ceux qui quittent l’Algérie pour rejoindre l’autre rive de la Méditerranée. Il parvient à sensibiliser sa famille sur la nécessité de le laisser partir. Ses parents finissent par lui donner leur bénédiction.

    1953 : 15 jours à Marseille et une grande désillusion

    Voilà donc Smaïl Zidane débarquant à Marseille, anonyme dans la foule des centaines de voyageurs que déverse "el vavour" comme disent les Kabyles, cette arche de Noé des autochtones pour fuir le déluge de la pauvreté. Au moment où il pose le pied sur le port de Marseille en ce 17 septembre 1953, il était loin, très loin de s’imaginer que quelques décennies plus tard, il en deviendrait l’un des plus illustres résidents et que le nom de sa famille pour laquelle il se trouvait sur cette terre étrangère allait être scandé dans toute la France. Il est d’autant plus loin de l’imaginer que ses premiers jours à Marseille sont une douche froide : il ne trouve pas de travail. La désillusion est terrible. Lui qui a émigré pour aider les siens constate qu’à Marseille, il ne pourrait même pas s’aider lui-même. «Après une quinzaine de jours de recherches vaines, j’ai pris une décision : il fallait que je monte à Paris. Il y avait plus de chances d’y trouver du travail, m’avait-on dit.» Bercé par cet espoir et déterminé à trouver du travail, il quitte Marseille avec amertume avec l’intention de n’y revenir que pour visiter sa famille et débarque à Paris.

    Pari gagné à Paris

    A son grand soulagement, les perspectives de travail sont effectivement plus grandes. Il ne tardera pas à se faire embaucher comme ouvrier manœuvre dans le bâtiment. Il ne gagne pas grand-chose, mais il envoie chaque mois plus de la moitié de sa rémunération à sa famille à Aguemoun. C’est la seule idée qui l’aide à vaincre la nostalgie qui le prend souvent. «Beaucoup de gens croient que l’exil est facile. Ce n’était pas du tout facile pour moi. J’étais loin des miens, de mes repères, de mon village. C’est dur de changer d’environnement sans s’y être préparé.» Après quatre ans comme ouvrier manœuvre, il trouve un travail plus rémunérateur : ouvrier dans une usine de fabrication de fibres de diamants. Il y reste cinq ans, avec toujours la même motivation, les mêmes soucis concernant sa famille, la même nostalgie rejaillit à chaque vague à l’âme… A présent, il n’a qu’un seul désir : rentrer au bled. Son village et sa famille lui manque trop…

    1962 : tout est prêt pour rentrer en Algérie

    Un paramètre, une bonne nouvelle, va l’encourager à vouloir rentrer : l’indépendance de l’Algérie. «A ce moment-là, je me suis dit que j’allais sans doute avoir plus de chances de trouver un travail au bled. C’est le chômage et la pauvreté qui m’avaient poussé à m’exiler et j’ai estimé que, désormais, je pouvais travailler et gagner ma croûte en Algérie.» Il ne met pas beaucoup de temps à prendre sa décision : il va retourner en Algérie. En quelques semaines, il règle ses affaires à Paris, salue toutes ses connaissances et, au mois de novembre 1962, il descend sur Marseille afin de prendre le bateau, cette arche qui, cette fois-ci, va l’aider à fuir l’étouffement de l’exil. Il retrouve ainsi la ville qui l’a accueilli, mais qui lui avait tourné le dos, n’y ayant trouvé aucun travail. Bien sûr, il ne manque pas de faire un crochet au domicile de son oncle installé à Marseille pour le saluer, surtout qu’il l’avait aidé lors de son arrivée à Marseille neuf ans plus tôt. Il arrive pour passer deux ou trois jours chez lui, avant de prendre le large.

    Quand l’amour s’en mêle…

    Ce qui devait être le point final d’un chapitre de la vie de Smaïl Zidane va cependant prendre une tournure insoupçonnée. Venu à la rencontre de sa famille, il rencontre en même temps l’amour. Il fait, en effet, connaissance avec sa cousine. Elle lui plait et il demande sa main pour au moins accompagner son retour au bled d’une bonne nouvelle. La famille de son oncle accepte, mais à une seule condition : que Smaïl reste à Marseille. La perspective de voir la fille aller vivre en Algérie, où elle avait très peu de repères, ne réjouissait pas ses parents. «J’avais quitté Paris avec la perspective réelle de revenir en Algérie. D’ailleurs, je ne pensais qu’à mon village tout au long du voyage. Mais voilà que le destin s’en mêlait. Dieu en a voulu ainsi…» Partagé entre la nostalgie et l’amour, le cœur éploré de l’immigré balance longtemps avant de prendre le parti de l’amour. C’est ainsi que Smaïl Zidane pose ses bagages, cette fois-ci définitivement, à Marseille.

    1963 : un nouveau départ à Marseille

    Cette fois, la ville portuaire ne lui tourne pas le dos. Fort de son expérience de quatre ans acquise à Paris en tant qu’ouvrier manœuvre dans la bâtiment, il ne tarde pas à être embauché en tant qu’ouvrier spécialisé (plus tard, il changera d’activité en travaillant dans les grands magasins d’agroalimentaire Casino. Quelque temps après, on lui attribue un logement dans les HLM de La Castellane, un quartier du 16e arrondissement, au nord de la ville. L’année 1963 a donc constitué pour lui le début d’une vie familiale paisible agrémentée par la naissance de quatre garçons (Djamel, Farid, Noureddine et Zinédine) et d’une fille (Lila). Au souci de subvenir aux besoins de sa famille, il ajoute celui de veiller à leur bonne éducation. «A tous mes enfants, je recommandais de donner une bonne image d’eux-mêmes et de leur famille, de respecter autrui et d’être studieux à l’école. Respect et études, tel était mon credo.» Le fait que Zinédine ait frappé les esprits non seulement par son immense talent de footballeur, mais aussi par son humilité et sa timidité en dehors des terrains le rend fier, même s’il refuse à l’avouer.

    En 1987, il subvient aux besoins de deux familles

    En 1987, un tragique évènement vient bouleverser la vie de Dda Smaïl : son frère, le plus jeune de la famille, décède à Aguemoun, laissant derrière lui une veuve et quatre orphelins. «Nous étions seulement deux garçons dans la famille. Mon frère décédé, c’était à moi de subvenir aux besoins des siens.» Le pari était délicat : subvenir aux besoins de sa propre famille de 7 membres à Marseille et à celle de 5 membres de son frère décédé au bled, en ne comptant que sur son seul salaire. A l’époque, Zinédine avait seulement 15 ans. Il s’en remet à Dieu qu’il implore dans ses prières, fait des sacrifices, se prive de beaucoup de choses pour mener sa mission. Il fallait assurer l’équilibre, prendre souvent des nouvelles de ceux du bled, jouer au père à distance le cas échéant. C’était dur, très dur. «Les gens disent que ma plus grande fierté est de voir Zinédine acquérir une notoriété et une stature mondiales et d’entendre le nom des Zidane sur toutes les lèvres. Certes, c’est une fierté pour moi, mais ma plus grande fierté, celle qui me soulage et qui me fait dire que j’ai accompli une partie de mon devoir ici-bas, c’est d’avoir réussi à élever mes enfants et ceux de mon défunt frère», lâche-t-il les yeux embués et la gorge nouée par l’émotion. C’était son challenge, sa Coupe du monde, et il l’a remportée haut la main.

    Hier comme aujourd’hui, rien n’a changé

    Smaïl Zidane, l’immigré tranquille et discret d’une cité de banlieue, se retrouve ces dix dernières années extirpé de l’anonymat, un peu malgré lui. Le statut de père de star lui a été imposé par les médias alors qu’il n’a rien demandé. Cela ne l’a pas changé pour autant. C’est d’ailleurs à l’image de Zizou : modeste en toutes circonstances. A Marseille, Dda Smaïl continue de mener une vie paisible, remerciant chaque jour Dieu d’être en bonne santé et de manger à sa faim. «C’est l’essentiel. Tout le reste est accessoire car nous ne sommes pas éternels sur Terre.» Il n’a pas changé et ne pense pas changer. Même retraité, il continue à bricoler dans sa maison de Les-Pennes-Mirabeau, par habitude et par conviction. On ne change pas un homme à qui la vie a appris les vertus de l’effort…

    Farid Aït Saâda

    "Ne déracinez jamais un arbre !"

    «Vivez-vous en Algérie ?» C’est ainsi que Smaïl Zidane a entamé la discussion. «Oui.» «Vous avez de la chance, mon garçon. C’est une chance, une grande chance, de vivre et de grandir là où on est né. Je n’ai pas eu cette chance», confie-t-il. «Prenez un arbre. Si on le plante dans un endroit où, en grandissant, il n’aura pas assez d’espace pour se développer, ce serait une erreur de le déraciner pour le replanter ailleurs. Même si on le met dans un plus grand espace, cet arbre perdra de son naturel car il a été arraché de ses racines. Alors, mieux vaut laisser l’arbre là où il était plutôt que de le dénaturer», nous a-t-il expliqué. Même déraciné, Dda Smaïl n’a pas oublié la sagesse du terroir.

    «Slimane Azem m’a profondément marqué»

    Durant les années d’exil, Smaïl Zidane a été rongé par la nostalgie. Débarqué dans un pays qu’il ne connaît pas, il se laisse souvent bercer par le souvenir des oliviers, du relief rocailleux de la montagne et des cours d’eau. Alors, pour replonger dans le bled, il se laissait bercer par les chansons. Il écoutait souvent Taleb Ourabah, mais celui qui l’a marqué -comme des génération de Kabyles émigrés- est le regretté Slimane Azem, celui qui, exilé contre son gré, a chanté le plus et le mieux les souffrances des exilés. «Je l’ai rencontré plusieurs fois : en 1954, en 1956, en 1966… A chaque fois, c’était un vrai plaisir de discuter avec lui. Nous partagions la même souffrance, la même déchirure née de l’éloignement.» Un couplet tiré d’une célèbre chanson troublait particulièrement Dda Smaïl. Dda Slimane y raconte qu’il avait pris le bateau pour rentrer au pays, mais qu’au moment où il allait poser pied à terre, il se réveillait et se rendait compte qu’il s’agissait seulement d’un rêve. «Ce couplet me faisait pleurer à l’époque rien qu’en l’écoutant», se souvient-il. «Incontestablement, Slimane Azem m’a profondément marqué.»  

    par LE BUTEUR





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