Yennayer qui est aussi dit en Kabyle Tabbwurt Useggwas. Amenzu n Yennayer est le premier jour de l'an berbère. Yennayer ou Nnayer pour certain qui coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien (chrétien) est célébré partout en Algérie bien entendu différemment mais aussi au Maroc. Yennayer est une occasion de fête, de liesse populaire voire d'un carnaval, comme à Tlemcen.
Dès l'approche de Yennayer comme pour bien l'accueillir, on repeint l'intérieur des maisons, on nettoie, on change tout ce qui est vieux et usé notamment le support de l'âtre (Inyen)…etc. Il est souhaitable lorsqu'arrive Yennayer que toute entreprise soit terminée : par exemple, un métier à tisser.
Yennayer c'est surtout l'occasion de célébrer certains rites : ici et là, des genêts (Uzzu) sont déposés sur les toits des habitations afin d'empêcher la malédiction d'entrer dans les foyers… C'est aussi l'occasion d'une part, d'un retour à la terre-mère, la terre nourricière, et, d'autre part, d'une communion populaire.
Il faut savoir qu'en Kabylie la célébration de Amenzu n Yennayer est marqué par un rite d'émulation du sacrifice propitiatoire, destiné à chasser les forces maléfiques Asfel. A travers Imensi n Yennayer (le souper de janvier) on présage l'abondance pour toute l'année, on tient à avoir ses récipients bien garnis et il serait inconvenant de se montrer avare.
Des mets de circonstance sont préparés : couscous au poulet, ou encore de la viande séchée acedluḥ. A ce plat, on peut ajouter un autre constitué par des crêpes (aḥeddur, tighrifin, acebbwad). Uftiyen (soupe préparée à partir de poix chiches, de fèves et de pois-cassés), de la Talabagat (viande hachée), accompagnés d'un Aghagh (jus), de Tagella (pain), Tighrifin (crêpes), de gâteaux et autres divers beignets… reunissent toute la famille autour d'un banquet comme en Oranie.
Imensi n Yennayer est un repas de famille, on met à part ce qui revient aux filles mariées au dehors, et on dispose les cuillères des absents pour se souper ensemble.
Dans certains endroits, le premier jour, Amenzu n Yennayer, on ne mange que des produits végétaux : la viande est laissée pour le lendemain. On se gave de fruits secs : figues, raisins, noix, dattes. Au Maroc, dans certains foyers, on mange « les sept légumes ».
A Tlemcen, un autre rite est pratiqué «le carnaval d'Ayrad» (Ayrad : le lion). Les enfants se masquent à l'aide d'une courge évidée, percée de trous pour les yeux et la bouche ; on colle des fèves qui seront des dents et des poils de chèvre pour la barbe et les moustaches. Ils vont par petits groupes à travers les ruelles et font des collectes. Seulement avant de quitter chaque foyer, l'assistance prie pour les gens malades, les démunis et ceux qui n'ont pas d'enfants. Ils reprendront le chemin de sortie de chaque foyer vers la ruelle en criant Ayrad ! Ayrad ! Ayrad…en dansant…etc., jusqu'au matin (du 13 janvier). Pour les enfants aussi, c'est l'occasion de s'offrir et d'offrir de beaux habits neufs et autres cadeaux notamment aux jeunes filles, comme dans l'Ahaggar et dans d'autres régions du pays.
A ce jour, Yennayer est célébré partout en Algérie – de Kabylie à l'Ahaggar, d'Annaba à Tlemcen… en même temps c'est-à-dire entre le 11 au 13 janvier.
Yennayer : une date, un symbole, une tradition, une histoire, une identité, une fête, un repère et une mémoire pour les Africains du Nord en général et les Algériens en particulier.
Mais aujourd'hui, qu'en est-il de son officialisation comme date commémorative nationale en Algérie au même titre que les autres fêtes dites «légales» ?