L’artiste le plus adulé des Algériens et plus fortement des Kabyles a donné le gala d’ouverture du festival des danses folkloriques à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Avec son verbe fin, intemporel , enveloppé dans des mélodies du terroir, Lounis Aït Menguellet a encore une fois envoûté le nombreux public présent dans la salle. Très enchanté de livrer ses réponses aux questions de la Dépêche de Kabylie, sur l’évenement de la semaine et sur ses 40 ans de succès.
DDK : La wilaya de Tizi-Ouzou abrite le festival arabo-africain des danses folkloriques, placé sous le haut patronage du président de la république. Il serait intéressant de connaître votre appréciation sur l’événement, sa portée et son sens.
Lounis Aït Menguellet :
J’accueille avec enchantement cet événement de brassage de cultures, qui à mon sens n’apportera que du bien. Découvrir les profondeurs culturelles des pays d’Afrique participe, à la faveur de ce festival à l’ouverture entre les peuples, ce qui justement a manqué à nos troupes locales. L’occasion donnée par ce festival d’établir des échanges permettra l’émergence de nouveaux talents et du coup, ne plus se cantonner dans son propre espace. Il serait plus intéressant de déborder à plus de pays, non seulement africains ou arabes et ce n’est qu’à cette condition qu’il deviendra possible d’avoir un pas dans l’universel. La portée de ce festival est multidirectionnelle. A ce titre, s’il y a une chance à nous tous de faire connaître ce que l’on fait et de connaître ce que font les autres, dans toute l’étendue de la complexité des valeurs communes et différentes.
Il y a chez nous des troupes de talent en musique, théâtre, danse auxquelles il faudra donner des possibilités de s’affirmer et surtout de se mesurer aux créations d’autres peuples, car tourner en rond tétanise et tue la création. La communication, l’ouverture, l’échange sont des exigences incontournables, en ce sens que ce festival est une aubaine à perpétuer.
Vous avez animé le gala d’ouverture du festival à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri devant un public très nombreux, quel sentiment vous a suscité le fait de vous produire?
ll C’est un public formidable qui me procure bonheur et satisfaction à chaque occasion qui nous rassemble. Qu’il s’agisse d’un gala ordinaire ou à l’occasion de l’ouverture de ce festival, le public de différents âges et catégories sociales qui y vient mérite tous les égards de ma part. Nous avons toujours réussi cette complicité dans le sens d’une harmonie de valeurs et l’apport du public lors des galas est important. Un phénomène de compensation s’établit, à mesure que le public s’accroche, le trac de l’artiste recule.
L’année 2007, Alger est capitale de la culture arabe. Que pense Lounis Aït Menguellet de ce retour de l’Algérie à la tête du peloton des pays arabes dans le domaine de la culture?
ll Tout d’abord, je m’abstiens de tout commentaire politique, mais de ma fenêtre d’homme de culture, je trouve que l’année culturelle 2007 que se réserve l’Algérie est une bonne chose en soi. Elle apportera au pays un désenclavement, en voyant se reverser dans les rues, les salles et les stades une variété de genres culturels, cela est enrichissant, qu’importe, les délégations et d’où elles viennent, car l’essentiel est de faire de l’Algérie un pays culturellement vivant et diversifié, le reste est accessoire.
40 ans de succès dans votre carrière d’artiste, quel regard rétrospectif faites-vous sur ce parcours légendaire ?
ll Des hauts et des bas, des joies et des peines ont jalonné ce parcours de 40 années de chanson. Ces années ont été un combat sinueux mené avec difficultés pour la bonne cause, qui a fini par avoir raison sur l’histoire en dépit de certaines vicissitudes du temps. Sans prétention aucune, ce sont des années mises au servie de notre culture algérienne pour qu’elle soit reconnue dans ses différentes facettes. Ces 40 années ont été utiles et pour moi et pour la noble cause portée par mon peuple. J’ai eu à rencontrer des générations qui se côtoient, via le public qui se déplace dans mes galas, 40 ans durant. Je suis très heureux d’avoir bouclé ces 40 années, où il m’est arrivé de me remettre en question dans certains domaines.
Peut-on savoir s’il y a du nouveau chez Lounis ? Y a-t-il une tournée en perspective ?
ll Un nouveau produit, pas pour l’instant, mais ça viendra. Par contre la nouveauté que j’annonce est la reprise d’anciennes chansons avec Djaffar, pour remettre au goût du jour celles qui ont ont été mal enregistrées ou mal orchestrées. Comme aussi j’annonce une tournée dans les 48 wilayas du pays à partir du début février. Pour mes 40 ans, la tournée nationale est un acquis sur le principe avec l’ONCI, qui a donné son accord à ma proposition.
Entretien réalisé
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