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TAKFARINAS
29/04/2007 15:43
Photo :http://teemix.aufeminin.com/world/stars/photos__todo=zoom&i=1563&c=16953.html
Quartier Tixeraïne
C'est l'histoire d'un doux rêveur épris d'amour et de vie. Celle d'un chanteur culotté qui a bousculé des habitudes, cultive le sens de l'accueil et celui de la fête, sait que le seul moyen sûr pour éviter l'usure, c'est d'ouvrir son coeur à toutes les cultures.
Elle commence à Tixeraïne, la ville kabyle d'Alger perchée sur des hauteurs. Takfarinas y voit briller son tout premier soleil. Quand on naît dans une famille de musiciens, inutile de lutter, de vouloir chasser le naturel. La musique s'impose comme une radicale évidence. Lorsque son père enfourche un cheval pour faire la route jusqu'en Kabylie, à chaque voyage, assis derrière lui, il s'imprègne de sa voix qui égraine des chansons kabyles. Lorsque des voisins lui fabriquent sa première guitare, il a six ans, ne sait pas encore que la musique l'a choisie, mais il sent déjà son irrésistible appel. Sans rien imaginer, sans oser, pour l'instant, rêver à quoi que ce soit. Dès l'âge de huit ans, il commence à se frotter à la vie d'adulte, enchaîne les métiers : mécanicien, soudeur, ouvrier, imprimeur... Quand il remonte dans ses souvenirs, c'est l'imprimerie, dit-il, qui lui a donné le plus de plaisir à cette époque: "J'aimais bien doser les couleurs. Cela avait une certaine dimension artistique pour moi". L'âme de l'artiste qui sommeille en lui révèle de manière plus précise ses contours. Petit à petit le chemin se dessine. Il s'ouvre, clair et net, le jour où son père lui offre sa première vraie guitare. Il a seize ans et vient de remporter un concours à la radio dédié aux jeunes talents. La guitare est sa récompense, un encouragement à suivre sa vocation. Alors, il se met à rêver. Troque son nom d'état civil, contre celui de Takfarinas, un pseudo porteur de souffle et d'énergie.
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En 1976, il enregistre sa première bande à Alger. Trois ans plus tard, direction Paris pour tout reprendre en studio, se faire une carte de visite présentable. L'album s'appelle "Yebba Rremmene". Ce sera le premier jalon de la carrière de Takfarinas, dès lors définitivement enclenchée. Peu de temps après, il fonde en compagnie de Boudjemaa Semaouni le groupe Agraw. Avec cette formation, lors d'un concert en première partie d'Idir, en 1980, il foule pour la première fois la scène de l'Olympia. Il y reviendra sous son propre nom en 1987. "C'est là confiera-t-il plus tard, que j'ai signé mon passeport européen en musique". Dans la salle bondée, une jeunesse exaltée, à l'enthousiasme gourmand, des garçons, des filles, certains accompagnés de leurs parents le fêtent, comme une idole. |
Nouvelle coqueluche de la communauté berbère en France, Takfarinas est responsable d'une petite révolution en Algérie. En 1986, alors que sûr de son hégémonie, le raï roule tranquillement des mécaniques, il crée l'événement à la télévision avec sa chanson kabyle new look, sa dance trépidante, ses paillettes et ses danseuses. Il y chante "Ouaythelha" ("Qu'elle est belle"), la chanson-titre de sa nouvelle cassette. Le lendemain, dans tout le pays les vendeurs sont dévalisés. Takfarinas devient un héros, une vraie star, capable de remplir des stades, de donner du bonheur à des millions de gens. Avec son mandol à deux manches, ses passions musicales ouvertes, bondissantes entre tradition kabyle, reggae, chaabi, rap et funk, il invente un nouveau concept, osé, ardent, une "nouvelle clé pour ouvrir les coeurs". Quand il cherche un vocable pour désigner sa musique, un mot va s'imposer: "Yal". Comme Monsieur Jourdain qui ignorait parler en prose, depuis la nuit des temps tous les Kabyles font du Yal, sans le savoir. "Il n'y a pas une chanson chez nous où l'on ne chante yal...lalala yal...lalala" ne cesse de rappeler Takfarinas, installé en France depuis 1990, ambassadeur de la nouvelle musique Yal, pétillante, ébouriffée, en prise directe sur le futur.
Condensé d'une carrière florissante jalonnée de succès, "Quartier Tixeraïne" est bien plus qu'une compilation de titres choisis parmi six des albums les plus percutants de Takfarinas. C'est d'abord une mise au point. Une manière de rappeler que derrière "Zaama Zaama" le tube de l'album "Yal" sorti en 1999, cet ambianceur et semeur de bonheur a su aligner une ribambelle de chansons au tempérament fort. De "Yebba Rremmene" à "Zaama Zaama", en passant par "Arrach", des paroles qui chantent l'amour, la chaleur, l'espoir, la déchirure...Toutes réenregistrées, certaines métamorphosées, ces chansons rassemblées résument vingt ans d'aventure, d'engagement pour la vie. En attendant d'autres rêves...
par : Patrick Labesse
Biographie source : http://www.salammbo-press.com/artiste14/bio.htm
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