Alors que les Algériens composent avec les moments de fête importés de toutes parts, ils refusent d’admettre que Yennayer constitue un fondement historico-civilisationnel important dans la vie de notre peuple. Faire mine de rassurer les différentes générations qui défilent de la justesse de nos attachements culturels avec l’Orient ou l’Occident dépasse le fait d’acculturation forcée mais aussi un crime contre notre vécu plusieurs fois millénaires. Gargarisant une unité culturelle incantatoire de la Nation arabe, les responsables politiques de ces pays mettent les Berbères dans différentes "sauces" civilisationnelles, afin de les extirper de leur contexte amazigh et nord-africain. Ce projet porté depuis des lustres par ces chantres de l’unification du Monde arabe ont programmé, depuis toujours, l’éradication du fait berbère pour les besoins du rapprochement avec leurs " frères " d’Orient. Pour ce faire, la politique de l’opium et du bâton ne cesse de nous engloutir davantage dans des quêtes de personnalités infinies.
Les tatouages de nos vieilles restent pour l’éternité cette marque d’attachement indéfectible à notre culture. Ces tatouages-symboles évoquent sans tâtonnements ces pages glorieuses de notre Histoire. Vouloir coûte que coûte tourner cette page de l’Histoire, c’est commettre une entorse au temps. Une entorse humainement condamnable, historiquement répréhensible, scientifiquement critiquable et moralement injustifiable.
Le calendrier berbère qui a fixé comme an zéro du calendrier berbère l’année où le roi amazigh Chachneq 1er fondateur de la 22e dynastie égyptienne prit le trône et devint Pharaon en Égypte, symbolise un début de presque 3 000 ans d’existence d’un peuple. Une existence agitée de toutes parts.
Yennayer est la seule fête non musulmane célébrée par tous les Amazighs. Dans chaque région, elle donne lieu à des festivités diverses et à des plats culinaires berbères spéciaux. Il est célébré depuis plusieurs siècles par tradition. Depuis la prise de conscience des Amazighs de leur réalité culturelle, Yennayer est redevenu ce qu’il était. Il a repris la place qui lui sied. Cette place est celle d’une date-référence. Référence à un départ. Un départ vers l’Histoire, celle de l’humanité.
Chachneq a légué une date. Une date, même si elle est associée à une domination, reste symbolique. Cette date restera éternellement une halte pour se remémorer de ce que nous sommes, ce que nous étions à travers l’Histoire. En définitive, Chachneq a bien fait d’envahir.
Yennayer Ameggaz…
Par Mohamed Mouloudj
Source :http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=50314&ed=MTcwNQ==