Photo : prise par Arezki Ait-Ouahioune (Village de Tassaft Ouguemoune en Kabylie)
La fête de Yennayer, premier jour de l’an amazigh, revêt un moment particulier en Kabylie.Elle reste l’une des fêtes ancestrales qui résiste aux méandres du temps et au changement du mode de vie.
Jour du nouvel an chez les Berbères, elle est aussi la fête de la fécondité et du renouveau. En ce mois, certains paysans plantent toutes sortes d’arbres fruitiers, notamment des oliviers.
Pour d’autres, ils profitent de l’occasion pour se retrouver en famille ou entre amis et passer une soirée conviviale.
À Iferhounène, et comme un peu partout dans la wilaya, cette fête donne lieu à des réjouissances communes. Chacun selon les moyens dont il dispose. Certains font la fête avec plus de modernisme et l’engouement que suscite le nouvel an 2008 est encore là pour célébrer Yennayer : les jeux de lumière et les décors de circonstance animent encore quelques espaces ! Certains commandent même des bûches et se préparent à une soirée de réveillon autour d’un couscous au poulet, comme le veut la tradition. “on doit actualiser cette fête et l’adapter à notre époque”, nous diront des jeunes de la région.
Des repères qu’ils tiennent à garder, car, selon eux, “le mode de vie actuel nous éloignent un peu de nos repères culturels, c’est pourquoi l’on doit joindre les deux bouts”. Pour d’autres : “On aimerait bien que cette fête se généralise, c’est un patrimoine culturel.”
Pour beaucoup, c’est un fait social, une pratique ancestrale et une fête qu’on doit pouvoir sauvegarder, comme autrefois, comme souvenir du passé et un trait d’une identité à actualiser. “C’est bien de retourner aux sources et de retrouver certaines traditions qui commencent à disparaître, comme la fête d’Anzar, le dieu de la pluie dans la mythologie berbère, et bien d’autres pratiques qui témoignent de notre histoire”, comme nous le dira Mohand, un quinquagénaire.
Yennayer est aussi un moment de liesse où l’on honore les nouveaux-nés. Selon certaines traditions, à cette occasion, “on coupait un bout des cheveux du garçon, dont c’est la première coiffe, on mettait celle-ci dans du miel, puis on la conservait dans une tuile”, témoigne une vieille dame, na Tassadit. Une pratique qui, selon elle, éloigne l’enfant du mauvais sort et des maladies.
À l’occasion de cette journée, on invite les proches pour un repas convivial, on leur sert du thé, des gâteaux et du couscous au poulet. “À midi, on sert des beignets et des plats traditionnels, des plats qui s’accompagnent de pain maison, “aghroum”, et puis du café. C’est le soir que le couscous au poulet est servi, “imensi n’Yennayer”, tout cela sur fond de réjouissance et de convivialité”, nous raconte-t-elle.
Des réjouissances qui incluent aussi une forme de partage et de solidarité profitant à tous.
Une fête de nouvel an avec toute son originalité que perpétue la tradition orale et dont la femme kabyle a su préserver la mémoire et le geste, lui donnant une dimension culturelle.
C’est pourquoi ces journées restent aussi un hommage à toutes ces femmes “paysanes”, oubliées de nos temps, qui ont su faire germer le blé et tisser le burnous. Quelquefois, la fête s’accompagne de chute de neige qui plonge la région dans un vrai climat hivernal.
Espérons que ça va être le cas après-demain, 1er jour de l’an berbère.
Aussi, à tous, assegwass ameggaz… 2958.
Par : KOUCEILA TIGHILT
Source : http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=88625&titre=Yennayer%20ou%20la%20fête%20de%20la%20fécondité