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  • Créé le : 15/10/2006 01:49
    Modifié : 19/03/2016 00:05

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    Des milliers de gens y viennent se ressourcer :Le mausolée de Cix Mohand ou la Qibla des pèlerins

    21/01/2008 00:43

    Des milliers de gens y viennent se ressourcer :Le mausolée de Cix Mohand ou la Qibla des pèlerins


    Ce vendredi, le climat n’était plus clément en Kabylie. Un froid glacial perce l’enveloppe de brume sur les hauteurs de Michelet en cette journée de l’Achoura. Fête musulmane célébrée le 10e jour de Muharram, nous apprend Allaoua, PES dans un lycée de la région.

    A At Hicham, pittoresque village perché sur une crête dominant le bas versant de la commune de Ait Yahia, juste avant Issandlan, sur la route qui mène vers Mekla en passant par Souamaa, une brise de vent chargée de pureté nous arrache du bruit des effets sonores de la musique dégagée par les baffles de la voiture.   

    Sur la route, une queue de voitures bloque le passage. Ils sont venus d’Alger, de Vgayet et d’autres communes limitrophes se ressourcer auprès du Cix. Trois barrages militaires sont dressés tout au long du trajet. Le coup de filet des services de sécurité, la semaine écoulée, dans la fourmilière islamiste locale appelle à plus de vigilance. A quelques encablures du dernier barrage militaire, une route délabrée nous accueille à Tissirt N-Cix, l’unique « sentier » qui mène droit vers le mausolée de Cix Mohand Ulhussin, situé à un kilomètre de la Route nationale.

    En empruntant cette piste, un parcours du combattant attend les pèlerins. L’affluence massive des citoyens vers le lieu saint n’est pas nouvelle. Ils viennent implorer la baraka du Cix. Ils viennent solliciter sa protection. A peine 10 h du matin, une procession humaine composée de vieilles, de jeunes et de moins jeunes se dirigeait déjà vers les lieux.

    Moumouh, architecte de formation, avec ses accents d’athée, taraudait la discussion avec ses propos blasphématoires. Il récuse même le côté moral des visites. Pour lui, les retrouvailles entre jeunes filles et garçons n’est autre qu’un moment de drague. Le système imposé par nos aïeux perd de sa rigidité devant les nouvelles technologies de la communication. Les mobiles équipés d’appareils photo, les SMS et autres gadgets s’emmêlent pour passer un message ou repérer " cette beauté claustrée ".

    Plus loin encore, juste avant le mausolée, le tombeau est pris d’assaut par les gens. Femmes, enfants, vieillards et jeunes se bousculent à l’entrée. Un agraw les accueillit à l’intérieur. Les gens déposent argent et autres biens sur les « foutas », les membres de l’agraw implorent Dieu, les saints et les Walis de transcender cette « donation et offrande » en miséricorde et mansuétude. Un laps de temps de divinité, de méditation spirituelle pour des âmes blessées. Des bêtes sont offertes en offrande. La Daâwa vient en contrepartie. Les signes de souplesse de l’âme se lisaient sur les visages. Ils viennent de " rembourser " une dette auprès du saint. Les gens promettent ces donations contre des vœux exaucés, de la santé retrouvée ou la paix réapparue.

    Sur la place du lieu saint, Idebalen, entourés d’une foule compacte, font la fête sous les youyous des vieilles, les déhanchements des jeunes et les regards furtifs des filles. Ces rites restés intacts depuis plusieurs siècles renseignent, on ne peut plus clairement, sur l’attachement indéfectible de la Kabylie à ses racines, sa personnalité, lesquelles traînées dans la boue de tous les prosélytismes moribonds, venus l’arracher à elle-même. Venus lui déformer une existence forgée à travers les siècles.

     A Cix Muhend U lhussin

    Nussa-d ak nisin

    nedmaâ si ljiha-k cwit

    A lvaz izedgh-an lhsin ihubi-k wahnin

    daraja-k had ur Ttibwid...

    Ce poème de Si Muhend, enterré à quelques encablures du mausolée au lieu dit " Asseqif n-tmana ",  illustre bien la place qu’occupait le Cix dans la société kabyle. Il était une source de sagesse. Il était écouté de tous, il s’écoute encore. Sa parole est toujours lucide.

    Cix Muhend, une page de notre histoire

    Des paroles faites d’éléments de théologie musulmane, mais prenant racine de taqvaylit, sa langue millénaire. " Cix Mohand conjugue plusieurs fonctions d’acteur social : il est guide, médiateur, saint, témoin, porteur de connaissance-sagesse (amusnaw), instance respectée et recherchée de l’autorité, porte-parole poétique et charismatique ", disait Mohamed Arkoun. Cix Muhend n’est pas seulement cet homme au verbe sûr. Il est aussi poète. Ses paroles ornées de kabylité légendaire léguées en forme de lyrisme constituent une littérature orale transmise de bouche à oreille à travers le temps.

    « Cix Mohand Oulhoucine naquit en 1838. Il mourut le 8 octobre 1901. Fils de Si Mohand Larbi. Son père était un homme modeste comme ses pairs Kabyles du début du siècle dernier », témoigne un de ses neveux rencontrés sur place. Il a vécu tous les épisodes qui ont marqué cette époque. La résistance de 1871 et autres événements majeurs du siècle dernier. « Depuis son jeune âge, il entrait à la maison accompagné de ses amis. Son père, en pauvre paysan, s’énervait contre lui, car il n’avait pas les moyens pour subvenir aux besoins de plusieurs personnes », raconte-t-il, avant d’ajouter qu’un adarwic lui disait:« Ton fils a des particularités d’un prophète ».

    Cix Mohand de Taqqa était un berger durant toute sa tendre enfance. Il revenait à dos de vache au coucher du soleil, ajoute encore notre interlocuteur.

    Abordant la relation du Cix avec la Révolution, le neveu de Cix Mohand Ulhussin nous apprend que les gens venaient pour être éclairés sur la situation, car il leur répondait que « les Français nous ont envahis de force, ils quitteront de la même manière ». «Il suppliait les gens d’avoir confiance en le Créateur et ne pas perdre espoir », relate le neveu âgé de pas moins de 70 ans.

    Il a appris par cœur les dires du Cix. A propos de sa clairvoyance et ses prédictions, il raconte qu’un jour un richissime homme prêtait son argent contre des profits. Le malheur a fait que cet homme n’eut pas de progéniture. Un beau jour, il rend visite au Cix pour implorer son aide et charité. Le Cix lui disait, texto:

    Ruh a Si Said

    Ammur-ik ur innager ara

    Cci aki rruh Ur Yettwaxlaf ara

    Arrumi ad yarraz ur yattnejvar ara

    Nek Yidek Ur n hardar ara

    Avec ce poème, le Cix répondait au visiteur et à la conjoncture de la Guerre d’Indépendance.

    Toujours sur la période cruciale de la guerre, notre informateur ajoute que même la date de l’Indépendance a été donnée par le Cix dans une de ses maximes et adages, car il disait que « les Français vont quitter en été avant l’automne ».

    Sur ses prédictions d’avenir, Cix Mohand, le saint des At Yahia, disait: « Bwind aman d laman », littéralement, « ils ont apporté l’eau et la confiance ». Il a ajouté, en disant, « Adruhen, adawin aman adarnun laman ». « Ils vont disparaître et avec eux, l’eau et la confiance ».

    « Les dates de fêtes et des zerdas sont improvisées », nous informe un autre membre organisateur. Les gens viennent dans les occasions de fêtes religieuses, mais cela n’empêche pas que le lieu est prisé tout au long de l’année, a-t-il expliqué.

    Le mausolée est ouvert à longueur l’année. Des passants y viennent pour des faits liés à la croyance. « On dit que ce lieu procure santé, sagesse et autres biens pour les visiteurs », nous disait une vieille femme.  

    Lieux de confessions ou espaces de rencontres amoureuses ?

    La discussion ne tourne que dans ce sens. « On vient voir les jeunes filles ». Cette phrase usitée en milieux de jeunes, garçons et filles comprises, donne une autre allure au pèlerinage. Les plus dévoués sollicitent les saints à leur procurer baraka, bonté et chance dans la vie. D’autres viennent « se débarrasser de la malédiction qui les bloquent ». Pour les vieux : « Epargnez-nous malédiction ô, Cix». Pour les moins jeunes, une rencontre en ce lieu peut déclencher le train amoureux de la vie, qui sait ?  «Elles viennent toutes belles, éblouissantes. C’est une occasion de les voir, et pourquoi pas repérer sa future dulcinée », souligne Moussa, avec un air moqueur. La délimitation des espaces propres aux sociétés comme la nôtre est visible à vue d’œil. Femmes et hommes sont constamment séparés par une morale rigide, dont les contrevenants se corrigent par le sang. L’improvisation du lieu de rencontre est de mise. Ils sont obligés de suivre l’ordre établi et l’enfreindre par moments, mais sans froisser les sensibilités. Filles accompagnées de leurs mères, garçons adossés au mur d’en face, tout un langage visuel s‘entend entre deux sourires échangés. Des rendez-vous se fixent, des rencontres sont prévues, la sainteté du lieu bénira peut-être ces amours naissants. A la fin de la visite, le neveu du Cix nous invite à un couscous offert pour l’occasion. Il est préparé par les citoyens venus nombreux se recueillir sur le tombeau d’un éclaireur qui, jadis, était l’érudit dont toute une société n’attendait que du bien.

    Source : http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=50762&ed=MTcxMw==

    Par : Mohamed Mouloudj






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