J’ai marché depuis des semaines, des mois
sur les grandes routes droit devant moi
j’ai surtout marché hors des sentiers battus
en traversant des chemins assez ardus
avançant tous les jours sur ces allées tordues.
J’ai traversé des kilomètres avec ma flute
j’ai vu de sacrés personnages en cours de route
personne n’allait dans la même direction
nous nous somme croisés spontanément
très peu ont continué le trajet avec moi
les autres sont restés dernière mes pas.
Assez tôt, encore à quatre pattes
sur une chaussée pas toujours plate
j’ai rencontré l’innocence
la meilleure amie de l’enfance
celle qui nous remplit de complaisance
et qu’on ne voudrait jamais quitter
la mienne m’avait laissée tomber
avant d’arriver à la première intersection
à la rencontre de nouveaux éléments
qui m’ont détournée de mon cheminement.
J’ai poursuivit le chemin debout
je voulais prendre les jambes à mon cou
je voulais y aller de plus en plus vite
j’ai essayé de prendre la fuite
toujours pressée d’avancer
sans prendre le temps d’observer.
Parfois je trébuchais
ma flute s’est cassée
j’ai donc arrêté de m’essouffler
rien ne sert de courir mieux vaut marcher
de toute façon, tout le monde le sait
que c’est la tortue qui va gagner
continuant donc sur un pas plus lent
façonnant le chemin à ma façon.
Après avoir quitté l’innocence
je suis tombée sur l’adolescence
ces deux là aiment s’haïr
très vite je voulais fuir
quitter l’adolescence
pleine d’imprudences.
L’ado pour les intimes
n’avait jamais eu bonne mine
elle m’avait trop saoulée
torturée d’insécurités
tourmentée en pensées
elle peut bien nous marquer
mais jamais nous recroiser.
L’adolescence était encore auprès de moi
lorsque je commençais à marcher dans le froid
je passais d’un chemin rocailleux et fissurée
à un chemin venteux et enneigé
il m’était difficile de marcher
l’ado, cette frileuse, s’est barrée
quant à moi, j’ai fini par m’habituer
à marcher à travers des nids de poule gelés.
Été comme hiver
avec une volonté de fer
je brave les saisons
regardant tout droit devant
je poursuis le cours de la vie
même à la tombée de la nuit
je marche dans la noirceur
plus rien ne me fait peur
avec de la rage dans le cœur
je rêve de mener le troupeau
mais je traîne un si lourd fardeau.
J’ai marché longtemps en solitaire
seule dans l’immensité du désert
ne voyant plus personne sur mon passage
ayant comme seul compagnon, un paysage
que j’ai appris à apprivoiser avec le temps
que je contemple encore comme une enfant.
Un beau jour j’ai rencontré l’amour
cette créature au beaux discours
avec qui j’ai fait bien des détours
et après un si long parcours
nous nous sommes séparés
chacun est allé de son côté
elle qui peut être si cruelle
elle qui peut occasionner tant de peine
est allée rejoindre sa cousine, la haine.
J’ai aussi rencontré l’amitié
elle, est toujours à mes côtés
avec elle, je discute de tous les sujets
sans jamais me lasser
avec elle, j’ai tout partagé
des rires, des pleurs
mes joies, mes peine et mes peurs
avec elle, j’ai vraiment tout connu
et même lorsque je m’étais perdue
elle ne m’avait jamais déçue
en m’aidant à retrouver mon chemin
comme moi, elle croit au destin.
Comme quoi, c’est elle la plus fine
l’amitié reste ma meilleure copine
mais gare aux d’imposteurs
j’ai dû en rencontrer plusieurs
avant de reconnaître l’amitié
celle qu’on ne peut altérer
malgré nos défauts divulgués.
Un moment donné j’ai rencontré la trahison
on a marché ensemble, rapidement
je me suis rendue compte finalement
que la trahison n’a aucune conversation
alors on s’est séparés un bon moment
j’ai continué seule et la trahison
est allée voir sa cousine, la déception
plus loin, je l’ai retrouvée de nouveau
et cette fois là, je l’aurais bien mise KO.
Lorsque j’ai croisé la poésie
je l’ai trouvé fort jolie
elle aussi est une amie
avec ses rimes et ses vers
elle sait apaiser la colère
et dissiper le désespoir
que j’ai rencontré sans le vouloir
lorsque, lasse, j’ai voulu m’assoir.
Le désespoir m’a donné une migraine
car il profite de la condition humaine
pour introduire ses amis scabreux
alors, j’ai voulu changer de milieu
je me suis donc levée du banc
et j’ai continué tout droit devant.
Plus tard j’ai rencontré le décès
ce personnage que personne ne veut croiser
pourtant, il trouve toujours le moyen de nous rattraper
autant vous dire que cette rencontre m’a transformée
brutalement, il me fait sans cesse rappeler
que mon voyage peut être, à tout moment, écourté.
Mon voyage était bien entamé
je commençais même à boiter
lorsque j’ai rencontré la sagesse
la marraine de la jeunesse
je lui ai dit : tiens, je suis contente que tu sois là!
après ces fâcheuses rencontres, j’aurais besoin de toi
je te présente la jeunesse, elle n’est pas facile à vivre!
franchement effrontée, carrément têtue et clairement ivre
elle m’a mise, à quelques reprises, dans un pétrin sans fin
pourtant, je ne pourrais jamais l’écarter de mon chemin.
La sagesse me répond en toute humilité :
moi aussi j’ai beaucoup marché
et tout le monde que j’ai croisé
était à la recherche du fruit sacré
mais le bonheur est timide, il se cache
il ne se dévoile que s’il aime notre démarche
une fois le bonheur enfin trouvé
il faut savoir le garder, le protéger
le bonheur n’aime pas le futile
il n’est ni capricieux ni difficile
il est simplement très fragile.
J’ai marché depuis des semaines des mois
sur les grandes routes tout droit devant moi
j’ai surtout marché hors des sentiers battus
en traversant des chemins assez ardus
avançant tous les jours sur ces allées tordues
des chemins aussi tordus que la vie
parfois, sans trouver de raccourcis.
Des routes aux multiples croisements
où chacun emprunte un sentier différent
mais qu’importe le choix des hommes
tous les chemins mènent à Rome
des chemins aux multiples péripéties
mais grâce auxquels j’ai beaucoup appris
un voyage dont chaque mètre me fortifie.
Ma vadrouille a été parsemée de rencontres
j’ignore ce que ce voyage me réserve encore
et pour tout dire, je ne m’en préoccupe pas
je continue toujours d’avancer devant moi
malgré les obstacles et les changements de climat.
Il me reste encore du chemin à faire
j’ai tout de même déjà de quoi être fière
car beaucoup se sont arrêtés à mi-chemin
en capitulant à la rencontre du premier chagrin
j’ai beaucoup d’autres personnages à rencontrer
des bons, des moins bons et même des mauvais
mais toutes ces rencontres ont de la valeur
car tous contribuent à ce que je sois meilleure.
J’ignore le jour et l’heure de mon arrivée
j’ignore toujours l’issu de ma destinée
j’apprends tout les jours le code de ma route
à la marche, à la nage mais à reculons ça j’en doute!
et en attendant d’arriver à destination
je continuerais d’avancer tout droit devant.
© Lili
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Publié par : lilaait le : 14 juin 2009
Source : http://lilaait.wordpress.com/