Décidément, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il tonne, la JS Kabylie reste toujours accrochée aux cimes de la hiérarchie nationale.
Sinon, comment expliquer que les Canaris ont fini par se frayer une belle place sur le podium du championnat sans trop appuyer sur le champignon, eux qui, à la manière de la fable de l’escargot, auront longuement traîné en cours de route pour franchir furtivement quelques obstacles de cette fin de mi-parcours et se hisser à cette surprenante seconde place qui aura étonné plus d’un.
Non pas que la formation kabyle ne mérite pas de figurer dans le peloton de tête, elle qui est souvent habituée à se maintenir aux premières loges et à côtoyer allègrement du beau monde dans les hautes sphères du football algérien, mais force est d’admettre que le nouveau cru amazigh ne fut pas des meilleurs cette année, à un tel point que des remous ont surgi ici et là dans la maison kabyle.
Faut-il rappeler, en fait, que le coach français Jean-Christian Lang, qui avait défrayé la chronique de fort belle manière la saison dernière, a finalement été victime du fatidique siège éjectable à la fin du mois d’octobre.
Les dirigeants kabyles ont été contraints de faire appel à deux “enfants du club”, en l’occurrence Mourad Karouf et Arezki Amrouche, pour assurer un intérim qui dure et qui dure encore, tant il est vrai que les résultats ont quelque peu suivi jusque-là même si la manière a laissé quelque peu à désirer. Il est vrai que le recrutement opéré par les dirigeants kabyles, durant l’intersaison, a été diversement apprécié par les supporters kabyles, et ce, pour diverses raisons. D’un côté, il y a les ultras qui sont habitués à l’opulence et qui exigent bon an, mal an des résultats et des titres, et ceux-là estiment que l’effectif de cette année a été fortement rajeuni et que, partant de là, la JSK n’avait pas les moyens de lutter avec les grosses cylindrées du présent exercice. De l’autre côté, il y a les sages et les modérés qui estiment, à juste titre d’ailleurs, que cette nouvelle génération de Canaris avait plutôt belle allure et que l’avenir lui appartient certainement à plus ou moyen terme.
Vingt-cinq points à domicile et… trois seulement à l’extérieur
Résultat des courses, la JSK a accompli une trajectoire des plus déroutantes car faisant pratiquement le plein à domicile, mais faisant preuve d’une grande fragilité en déplacement. Ce constat est palpable à l’œil nu du fait que l’équipe chère aux “Imazighen” a quand même récolté la bagatelle de vingt-cinq points à domicile pour seulement… trois points misérables à l’extérieur.
Au stade du 1er-Novembre, sur neuf matchs disputés durant cette phase-aller, les Kabyles ont quand même remporté huit victoires pour ne concéder qu’un seul match nul face au Mouloudia d’Oran (0-0).
Mieux encore, l’attaque kabyle a souvent bien carburé à domicile, comme en témoignent les scores éloquents enregistrés par exemple face à l’AS Khroub (3-0), devant le Widad de Tlemcen (3-1), l’USM Annaba (4-0) ou encore face au CA Batna (3-1). Mais, là encore, si la JSK a bel et bien inscrit la bagatelle de 18 buts à “la maison” pour 3 encaissés, il n’en demeure pas moins que les camarades de Yahia-Chérif n’ont inscrit que… trois buts à l’extérieur, soit un but au stade Zioui d’Hussein Dey face au NAHD (1-1), un second au stade Omar-Hamadi de Bologhine face à l’USM Alger, puis à Blida face à l’USMB pratiquement sur le même score de un but partout.
Et sur huit matchs disputés à l’extérieur, la JSK a concédé cinq défaites dont quatre sur un score étriqué et très frustrant de
1-0, soit à Bordj Bou-Arréridj, à Rouiba face au MCA, à Béjaïa dans le derby kabyle face à la JSMB, puis au stade du 20-Août devant le CRB pour une seule défaite de deux buts d’écart concédée à Sétif face à l’Entente
(2-0). Et là que le bât blesse, c’est que la JSK n’a réussi donc à inscrire que trois “petits buts”, ce qui prouve que les Kabyles voyagent très mal cette saison puisqu’ils n’ont pas décroché le moindre succès hors de leurs bases durant toute cette phase aller. En fait, un tel tableau de bord donne quelque peu raison à tous ceux qui estiment que cette “nouvelle JSK” manque souvent de fragilité en déplacement, et cela est dû à la jeunesse de son effectif et à l’inexpérience de certains joueurs venus de divisions inférieures.
À cela, il fallait bien ajouter les nombreuses blessures de Maroci, de Aoudia, Yahia-Chérif, Coulibaly et Belkalem, pour ne citer que ceux-là, alors que les lourdes sanctions disciplinaires infligées à l’avant-centre Hamiti puis au stoppeur Belkalem, tous deux suspendus pour sept matchs chacun.
La JSK actuelle pourrait-elle jouer le titre ?
“C’est une équipe très jeune, et il ne faut pas trop s’attendre à un parcours exceptionnel pour la présente saison. Par contre, il faudra la préserver et surtout l’aguerrir pour l’année prochaine”, avait déclaré en début de saison l’ancien coach français Jean-Christian Lang avant d’être démis de ses fonctions pour les raisons que l’on sait déjà.
“Non, non et non ! Nous avons une très bonne équipe cette saison et nous pouvons rivaliser avec les meilleurs en championnat, tout en visant gros en Ligue des champions africaine”, avait rétorqué le président Mohand-Chérif Hannachi qui ne veut pas jouer les seconds rôles sur le double plan national et international. Or, la réalité du terrain est plutôt amère car une équipe qui veut postuler au titre doit impérativement gagner à l’extérieur, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour le moment. C’est que la JSK a chuté devant deux adversaires qui comptent jouer les premiers rôles cette saison, en l’occurrence le Mouloudia d’Alger (1-0), actuel leader du championnat et nouveau postulant pour le “scudetto”, cette saison, et à Sétif face à l’ESS, le tenant du titre et grand favori cette année encore pour la couronne, ne serait-ce que pour la richesse de son effectif.
Et s’il faut rappeler que les Kabyles ont laissé filer stupidement des victoires qui leur tendaient allègrement les bras à Hussein-Dey (1-1) et à Blida (1-1), voire même contre le MCO à Tizi Ouzou (0-0), il faut bien admettre que la JSK n’évolue pas pour le moment avec l’étoffe d’un champion.
Et le seul point positif dans cette équation est que le public kabyle – ou du moins une grande partie – a pris la défense de cette jeune formation en devenir et semble la cajoler comme il ne l’a jamais fait auparavant. C’est qu’à Tizi Ouzou et un peu partout en Kabylie, la tendance est au rajeunissement de l’effectif et au travail de longue haleine pour tourner le dos au vedettariat et au “mercenariat” de tout bord.
“La JSK a ramené des joueurs presque inconnus ces dernières années pour en faire des vedettes, qui lui ont malheureusement tourné le dos pour aller monnayer leur talent ailleurs. C’est de l’ingratitude pure et simple de la part de tous ces chasseurs de primes. Alors, autant bâtir sur du solide et des joueurs de confiance qui mouillent le maillot pour l’intérêt suprême de la JSK et de la Kabylie”, nous dira un supporter acharné des Vert et Jaune qui ne fait que refléter, en fait, la pensée unanime de nombreux autres fans kabyles.
“Ne vous en faites pas ! La JSK est toujours sous la bénédiction de Sidi Belloua, le saint marabout qui trône au-dessus de la ville des Genêts”, comme pour paraphraser tous ceux qui estiment que malgré des résultats en dents de scie et une trajectoire en demi-teinte, la JSK a réussi à se hisser clopin-clopant à la… seconde place du championnat, et ce, en attendant mieux et, pourquoi pas, surtout que l’arrivée de ce mercato pourrait permettre à la formation kabyle de se relooker et de recharger ses batteries.
“En plus de Driss Echergui qui sera donc qualifié pour cette phase retour et qui apportera certainement un plus à notre attaque, surtout dans l’animation offensive, il nous restera à recruter un seul joueur qui nous viendra aussi de France parmi la communauté émigrée, comme il peut être un joueur qui évolue actuellement en championnat national”, nous dira le président de la JSK Mohand-Chérif Hannachi sans pour autant révéler le nom de cette perle rare que convoite le club kabyle, même si l’on croit savoir que la JSK s’intéresse de plus en plus aux deux Sétifiens Djediat et Seguer.
Place à la Coupe d’Algérie
Si les joueurs de la JSK ont eu droit à trois jours de congé tout à fait mérité au lendemain de leur dernière victoire face au CA Batna, ils devaient finalement reprendre le chemin de l’entraînement dès hier après-midi au stade du 1er-Novembre, et ce, afin de préparer tel qu’il se doit le match des 32es de finale de la Coupe d’Algérie, prévu ce vendredi au stade Opow d’El-Khemis face à l’USMM Hadjout.
C’est que même s’ils accordent une certaine priorité au championnat où ils ont toujours fait bonne figure, les Canaris ne veulent guère négliger Dame Coupe car ils estiment que cette épreuve populaire a un charme particulier et comme la JSK n’a pas goûté aux délices et aux caprices de la Coupe d’Algérie depuis belle lurette, ils comptent s’investir totalement dans cette compétition même s’ils considèrent que l’adversaire de ce vendredi, en l’occurrence l’USMM Hadjout qui évolue en Nationale 2, ne doit pas être négligé.
“Il ne faut jamais mésestimer un adversaire en Coupe d’Algérie où la hiérarchie n’est jamais respectée. C’est pour cela que nous préparons sérieusement ce match face à Hadjout, qui est une formation coriace et qui ne nous fera donc aucun cadeau. Et comme nous tenons à vivre cette année une belle aventure en Coupe d’Algérie, je vous prie de croire que nous ne négligerons aucun match ni aucun adversaire quel qu’il soit”, nous dira Mourad Karouf qui, comme son complice de l’actuel staff technique Arezki Amrouche, aura déjà goûté aux délices de Dame Coupe du temps du regretté Djaffar Harouni, il est clair que le parfum particulier de la Coupe d’Algérie semble embaumer déjà les vestiaires kabyles.
Par : Mohamed Haouchine .
Source :http://www.liberte-algerie.com/foot/edit.php?id=69631