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Kabylie

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  • Créé le : 15/10/2006 01:49
    Modifié : 19/03/2016 00:05

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    Son double album est sorti en France , Matoub : ''Je suis encore là''

    09/11/2006 05:30

    Son double album est sorti en France ,  Matoub : ''Je suis encore là''


    "Azul fellawen arkuli, assegas ameggaz, je suis encore là une autre fois, merci d’être là, bonos !", c’est avec cette phrase que Matoub accueille une nouvelle fois ses fans avec sa voix rauque et radieuse, malgré le poids de la tourmente et des blessures : plaies de l’âme et du corps.

    On croit voir des mères éplorées, des amants trahis, des tyrans furieux, furieux de n’avoir pas réussi à faire taire la voix de cet ovni de la chanson kabyle.

    Un poète peut-il mourir ? Dans ce double album, Lounès Matoub, le Roi des aèdes berbères répond  à cette question, posée par le même artiste en 1991, dans son album Regard sur l’histoire d’un pays damné. Sa voix résonnera en même temps aux quatre coins de sa Kabylie natale, qu’il a quittée prématurément et subrepticement la levée du blocage sur l’autorisation de parution, ici-même, dans son pays. La sortie d’un double album du Rebelle, enregistré lors de son Zénith de Paris le 17 janvier 1998, sera une tornade artistique. Ses fans, qui se comptent par millions, seront aux anges tandis que ses adversaires d’hier et d’aujourd’hui frémiront car ils n’ont pas réussi à faire taire Matoub même avec des balles. "Bien que la force ait fui mes membres, ma voix demeure, qui retentira : ils l’entendront", clame une fois de plus, avec une nouvelle version et un nouvel habillage musical, Matoub dans l’un des deux albums sortis chez Abeille Music.

    "Azul fellawen arkuli, assegas ameggaz, je suis encore là une autre fois, merci d’être là, bonos !", c’est avec cette phrase que Matoub accueille une nouvelle fois ses fans avec sa voix rauque et radieuse, malgré le poids de la tourmente et des blessures : plaies de l’âme et du corps. Ce n’est pas un hasard si la première chanson est intitulée Assirem (l’espoir). Matoub sait entretenir l’espoir même dans les épreuves les plus profondes. Il commence par l’espoir et termine par  jour de fête, le titre de la dernière chanson de l’album. Entre les deux, Lounès (toute la Kabylie l’appelle familièrement par son prénom, abstraction faite de la différence d’âge et de classes), nous fait voguer dans son monde avec sa voix parlante qui a le pouvoir et le mystère d’agiter les cœurs et de bercer l’âme. Avec sa musique enchanteresse, on découvre que sa voix a un pouvoir encore supérieur à celui qu’on avait déjà éprouvé. Matoub s’adresse au cœur. Une sensation voluptueuse gagne le mélomane au fur et à mesure. A chaque phrase, une image prégnante  infiltre l’esprit. L’allégresse d’écouter Matoub ne s’arrête point à l’oreille, il pénètre jusqu’à l’âme. Malgré le direct, Lounès chante avec un air décontracté, l’exécution coule sans effort avec une facilité déconcertante et un naturel charmant comme l’est son sourire, dessiné sur tous les portraits qui ornent les mûr de la Kabylie. Lounès est maître de sa voix, comme toujours. Il tire  sans gêne tout ce que le chant et les paroles lui demandent. Aucune lourde cadence, ni pénibles efforts de voix ne sont perceptibles. Les airs sont agréables. Dans les chansons d’amour ou sur la vie, Matoub exprime merveilleusement, peint et excite le désordre des passions violentes et l’on oublie vite l’idée de musique ; on perd le fil du chant et l’on croit entendre la voix de la douleur, de l’emportement et du désespoir et celle de la colère et, on croit voir des mères éplorées, des amants trahis, des tyrans furieux, furieux de n’avoir pas réussi à faire taire la voix de cet ovni de la chanson kabyle. La voix de Matoub agit avec toute sa force. Impossible de rester insensible, on se laisse émouvoir, comme hypnotisé. Mais pour éprouver ces sensations, il faut être comme Matoub : sincère, sensible, fidèle, franc, honnête, émotif, généreux, etc.

    Matoub proclame la plus tendre  - expression de l’amour, notamment dans Tighri N’tagalt (La révolte de la veuve) :

    Tu étais pour moi toute joie et tout plaisir ;

    Aujourd’hui je suis en larmes ;

    Mes yeux demeurent incrédules ;

    C’est ainsi que je guetterai

    Le moment où je me joindrai à toi

    Pour ensemble vaincre l’effroi de la tombe.

    La communion ajoute un grain de sel à la prestation majestueuse de Lounès. Quand, dans la chanson La gifle, il partage le chant avec son public, la réplique de  ce dernier met du baume dans le cœur de l’artiste qui, ainsi revigoré, repart de plus belle et nous embarque, presque hypnotisés, dans sa randonnée interminable dans les méandres les plus reculés du cœur et ses raisons. Il rappelle que le cœur a ses raisons que la raison n’a pas, et qu’aimer ne consiste point à se regarder dans les yeux mais plutôt regarder ensemble dans la même direction. Même douloureux, l’amour chanté par Lounès est sublime :

    Je redoute l’éclat du souvenir ;

    Laissez- moi au bannissement

    Afin d’oublier !

    De l’amour révolu je suis captif ;

    Je n’ai pu m’arracher à son étreinte ;

    Il me lègue épreuves et souffrances ;

    Où, comme un noyé, je m’agite

    Pour Lounès, de l’amour à la mort, il n’ y a qu’un pas facile à franchir. Ceux qui sont morts à l’époque de l’absurdité du terrorisme sont immortalisés par cet homme au courage hors-pair.  Prémonition due à la sensibilité extrême de l’artiste, il parle dans Kenza à la première personne du pluriel : "Kenza, ma fille, ne pleure pas, , la cause de notre trépas, c’est l’Algérie de demain…". Comme à son accoutumée, Matoub n’épargne personne ; le pouvoir est vilipendé ainsi que les islamistes mais aussi ces soi-disant opposants kabyles que le pouvoir avait corrompu en 1986 en leur attribuant des locaux commerciaux et des logements à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou. La chanson est reprise dans cet album : "Anwi iyumi fkan di Tizi, Tihuna d yexamen, Tahia a sidi lwali, yesganen iqbayliyen".

    Matoub administre une gifle cinglante à ceux qui l’ont traité de raciste avec cet hymne à Boudiaf, le Président assassiné, qui n’était pourtant pas kabyle. Matoub est le seul chanteur à avoir vanté les mérites de cet homme et dénoncé sa liquidation. Il est vrai qu’il avait et le talent et le courage pour le faire. Mais juste après cette chanson, il prédit dans Epreuves de la révolution :

    Nous savons que lorsque le malheur aura pris fin

    Feront la récolte ceux qui ont allumé l’incendie

    Quant aux pauvres maudits,

    Ils ne seront pas aux célébrations ;

    La veuve esseulée se lamentera

    Abattue, inconsolable à l’épreuve.

    Mais Matoub restera éternellement l’Homme que Jean Jacques Rousseau décrit ainsi, comme s’il parlait de notre héros international : Toujours prêt à servir la patrie, à protéger le faible, à remplir les devoirs les plus dangereux, et à défendre, en toute rencontre juste et honnête, ce qui lui est cher au prix de son sang ; il met dans ses démarches cette inébranlable fermeté qu’on n’a point sans le vrai courage. Dans la sécurité de sa conscience, il marche la tête levée, il ne fuit ni ne cherche son ennemi.

    On voit aisément qu’il craint moins de mourir que de mal faire. Si les vils préjugés s’élèvent un instant contre lui, tous les jours de son honorable vie sont autant de témoins qui les récusent.

    Près de neuf ans après son assassinat, Matoub Lounès est plus que jamais le meilleur.

    Il suffit de visiter la Kabylie profonde pour le constater. Lui seul sait nous faire pleurer et seul lui sait essuyer nos larmes. Dommage pour ses assassins et leurs complices ! En le tuant, ils ont certes privé la Kabylie de son visage irradiant, de son sourire fascinateur et de son humour caustique mais point de sa voix unique. Ils ont surtout exaucé son vœu de ne pas mourir de vieillesse ni de lassitude.  Quelle destinée !

     Aomar Mohellebi

     Source :http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=30144&ed=MTM0OQ==



    Commentaire de Chantal (28/11/2006 05:48) :

    Un grand homme ce Matoub bisous


    Commentaire de amazigh (20/12/2006 01:43) :

    Matoub ( ma rouhagh)envoyé par Ivral


    Commentaire de amazigh (20/12/2006 01:46) :

    Dedicacée à tous les Kabyles http://www.dailymotion.com/video/xi2a1_matoub-ma-rouhagh Matoub ( ma rouhagh)envoyé par Ivral


    Commentaire de amazigh (20/12/2006 01:48) :

    http://www.kabylienews.com/weblog/cyberkabyle/gnral/2006/11/19/video__la_mo rt_de_matoub Un extrait du documentaire "La grande Manip". Evidement la theorie du Kituki est de splus discutable mais ca parle de Matoub


    Commentaire de Bgayet Kateb (09/01/2007 06:10) :

    Quand je lis ce bel article sur la façon qu'avait Matoub de vivre chacune de ses journées, je suis très émue et je le relis toujours avec autant d'émotions. Je ne connaissais rien de la Kabylie ni de Matoub en 1998 mais aujourd'hui, plus je m'intéresse à lui, plus j'en veux que des "sans noms connus" l'aient sauvagement tué et je déteste le pouvoir algérien.





    La Kabylie à travers l’histoire

    09/11/2006 05:04



    Organisation socio-politique et économique de la Kabylie avant et après 1857

    La Kabylie du Djurdjura est composée d’une chaîne côtière qui s’étend de Cap –Djinet au piton de Yemma Gouraya qui domine Béjaïa et du massif du Djurdjura, au sud de la vallée du Sébaou.

     Ce massif imposant, boisé, est constitué d’un ensemble de montagnes à étages successifs qui s’adossent l’une contre l’autre jusqu'à la chaîne du Djurdjura.

    Celle-ci, en forme d’arc, s’étend sur une longueur de 60 km environ et son point culminant s’élève à 2 308 m d’altitude.

     

     Le massif du Djurdjura se présente comme une tour naturelle, un rempart inaccessible que les Romains ont baptisé Mons Férratus, sans doute à cause de la résistance affichée par ses habitants. Les traces d’activité humaine en Kabylie du Djurdjura remontent à la préhistoire comme l’attestent les nombreuses découvertes archéologiques telles que l’industrie lithique, les gravures et peintures rupestres et les stèles libyques trouvées à Abizar et à Souama (…). Elles témoignent de l’activité et de présences humaines permanentes. Quant aux premiers contacts avec le monde extérieur, ils remontent aux Phéniciens (Carthaginois) qui, par les nombreux comptoirs commerciaux longeant la côte kabyle, ont noué certainement des liens commerciaux.

     Ensuite les Romains ont essayé d’imposer leur suprématie sur les montagnes du Djurdjura, mais en vain, le Mons Férratus est inaccessible. Les Quinquégentiens, organisés en confédérations entrèrent en insurrection et ne se sont jamais laissés dominer. Pour mieux surveiller leurs acquis dans les plaines, les Romains ont construit des fortins le long des voies qu’ils ont tracées, en relation avec les différentes limes, à l’exemple du fortin Burgus Centanarius situé sur la rive gauche du Sébaou en relation avec la lime de Bida Municipium (Djemaa Saharidj), située en contrebas des Ath Frawsen. Les relations entre les montagnards et les Romains ne sont pas toujours tendues : Bida Municipium adossé au mont des Ath Frawsen a longtemps prospéré.

    La révolte des montagnards pour l’indépendance prend de l’ampleur en l’an 372 avec l’insurrection de Firmus  qui a soulevé la Kabylie des plaines et celle des montagnes contre l’occupant romain. Il finit par prendre Césaré et la brûler, avant d’être trahi par un des siens.

    Au moyen-âge, les Kabyles du Djurdjura furent intimement mêlés aux évènements politiques et religieux qu’a connus l’Afrique du Nord, sans toutefois se diluer dans la masse. Insoumis, Ils ont su défendre et préserver jalousement leur indépendance. Les Turcs, comme d’ailleurs leurs prédécesseurs, ont échoué dans leur entreprise de colonisation du massif. Ils se sont juste bornés au recouvrement temporaire des impôts. Grâce à leur politique religieuse, ils ont pu ménager des relais pour contrôler la région. Tout comme les Romains, les Turcs érigèrent des bordjs et des fortins pour leurs makhzens le long des vallées pour appuyer leur politique de recouvrement de l’impôt et défendre leur acquis dans les plaines. La soumission des tribus n’a jamais été totale comme l’atteste les nombreuses insurrections et incursions des montagnards : le bordj du Sébaou , fondé en 1720 fut assiégé et celui de Boghni fondé à la même époque que le premier fut détruit à deux reprises, en 1756 puis en 1818 .

    Ainsi, "l’appareil administratif, politique et militaire, mis en place par les Turcs en Grande Kabylie, a été très sommaire et n’a pas affecté les modes d’organisations sociopolitiques des tribus du massif montagneux."

    De l’époque romaine à l’époque turque, les montagnes sont alors restées inaccessibles aux intrusions étrangères. La Kabylie du Djurdjura resta indépendante et autonome. Ce fut donc les Français qui parviennent, pour la première fois de l’histoire, à occuper les montagnes en 1857, en venant à bout de la résistance, 27 ans après la chute d’Alger. Il a fallu mobiliser une armée de 25 000 hommes équipés d’un matériel des plus sophistiqué à l’époque, sous la conduite du général Randon et du maréchal Mac Mahon en "pratiquant la politique de la terre brûlée pour acculer à la reddition les villages et les tribus que les combats n’avaient pas pliés." Au lendemain de leur victoire, l’occupant français mena sur le dernier bastion de la résistance, organisée par la vaillante Lalla Fatma N’Soumeur, une politique de colonisation fondée sur la violence économique(expropriation des terres) et le démantèlement des institutions sociopolitiques traditionnelles. Sous la conduite du Cheikh Aheddad et de El Mokrani, animés par l’esprit d’indépendance et de liberté, les quelques forces restantes se soulèvent contre l’occupant en 1871. L’inégalité des moyens de guerre s’est vite fait ressentir sur le terrain. La mort de Lhadj El Mokrani le 5 mai de la même année et l’arrestation le 13 juillet du cheikh Aheddad, âgé et malade, marquent la fin de l’autonomie de la Kabylie.

     

    Organisation sociale et politique

    Tous les villages se ressemblent dans leurs structures et dans leurs situations géographiques et l’étude d’un seul, suffit pour comprendre toute l’organisation sociale et politique des communautés villageoises.

    L’unité sociopolitique et économique de base de la société Kabyle est la famille élargie : Axxam.

     

     1) Axxam :

    Il est composé de grands-parents, du père, de la mère et de leurs enfants. Trois générations vivent ensemble sous l’autorité de amghar (le vieux). Il est le porte-parole de la famille, notamment à la djemaa (tajmat). 

    Un ensemble de familles (ixxamen) ayant un ancêtre commun compose taxxarubt ou adrum dans certains cas.

     

    2)Taxarubt :

    Txarubt (fraction), est l’extension de la famille élargie. Elle occupe un espace bien défini. Taxarubt "est l’unité première de référence idéologique. L’ensemble des unités composant taxarubt partage en commun l’héritage symbolique légué par l’ancêtre en lignée paternelle. Elles sont collectivement comptables de l’intégrité physique de chacun des membres les composant, et de l’honneur du nom partagé en commun." Avant l’introduction du nom patronymique par l’administration coloniale, les membres de taxarubt (fraction) s’identifient à son nom. Elle porte le nom de l’ancêtre.

    Exemple : Mezyan n Ath Ali (ath Ali est le nom de Taxxarubt).

    Un ensemble de tixarubin (fractions) compose adrum (le quartier). Cependant, imsenden ou Ibaraniyen (familles étrangères) qui se trouvent dans le village, s’insèrent dans les différentes fractions.

    3) Adrum (quartier) :

    Dans les grandes communautés villageoises, le quartier marque une limite géographique. Ainsi, "la structuration qui va de l’axxam à adrum se trouve projetée dans l’agencement des habitations, des tombes au cimetière et jardins". Un ensemble de iderma (quartiers) forme taddart (le village).

    Il arrive que, pour se défendre ou pour attaquer un ennemi commun, des villages s’unissent et forment laârc (tribu) : "Des tribus se liguant contre l’ennemi commun, les confédérations des Flisas, des Guechtoulas, des Aït-jenad, et des Ait Iraten prirent les armes et engagèrent la lutte, en commun, contre les autorités locales que les deys d’Alger cherchaient à leur imposer." Pour les mêmes raisons, les tribus se confédèrent et forment Laârac ou taqbilt (confédération de tribus). Elles sont dissoutes dès que les mêmes conditions qui les ont fait naître cessent d’exister.

    Par ordre croissant on obtient :

    Axxam (famille), axxarub (fraction), adrum (quartier), taddart (village), laârc (tribu), taqbilt (confédération de tribus)

     

    4) Taddart :

    Taddart (communauté villageoise) se présente comme une petite république.

    Taddart (village) qui vient du mot dder (vivre) signifie lieu de vie. "Le village représente le monde des vivants, le monde social, doté d’une organisation socio-économique et politique afin d’assurer sa reproduction physique et sociale". Taddart est administrée par une autorité dirigeante qui est tajmaât (assemblée du village). Elle est composée de “lamin”, assisté par des temans (représentants des différentes xarubas), d’un oukil (trésorier) et d’un imam (secrétaire).

    Avant la colonisation française, tajmaât était un véritable conseil politique doté d’un droit coutumier et de toute indépendance. Elle gère les affaires de la communauté : guerre, paix, promulgation des lois ou leur annulation … Ils exécutent les décisions de l’assemblée, ils veillent sur le patrimoine et les intérêts généraux du village.

    Après la colonisation, tajmaât n’a plus les mêmes prérogatives d’avant, elle est remplacée d’abord par celle du douar (une seule pour toute la tribu). Elle est dirigée par un corps composé d’un bachagha, d’un caïd et de notables choisis et nommés par l’administration. Ensuite, ce conseil est devenu l’assemblée communale   qu’on connaît de nos jours. La dilution de tajmaât n taddart (conseil du village) dans celle du douar ne peut trouver explication que dans la volonté d’avoir la main-mise sur la Kabylie frondeuse. Malgré cela, les communautés villageoises continuent de nos jours de débattre et régler certains problèmes de la communauté. Ainsi, les jeunes de la communauté villageoise qui se sont révoltés en 2001 contre le pouvoir central, pour se défendre et faire aboutir leurs revendications, ont activé le système d’organisation traditionnelle. Ils se sont organisés en laârac (en confédérations).

     

    Economie :

    Avant la colonisation, les montagnards du massif du Djurdjura se sont maintenus en équilibre  sur les montagnes, certainement grâce à leur ingéniosité. Pour vivre en autonomie rester sur ces terres pauvres avec une densité de population importante, les montagnards ont dû appliquer un système socio-politique, juridique et économique,  appuyé par un  important investissement humain : "Toute population qui n’atteint pas une certaine densité est menacée d’absorption, d’assimilation…La densité numérique étant la condition nécessaire pour que s’établisse une certaine densité sociale …est nécessaire en milieu montagneux, pour que le groupe assure son autonomie de subsistance grâce à un stricte contrôle de l’espace utile exigeant un investissement considérable". L’économie des communautés villageoises de la Kabylie du Djurdjura est une économie d’autosubsistance qui tire l’essentiel de ses ressources du travail de la terre, de l’élevage et de l’artisanat. Du fait que la terre était toujours la principale source de l’économie des montagnards, la préservation du patrimoine foncier est devenue impérative. Ainsi, les communautés étaient amenées à édicter des lois telles que, l’exhérédation des femmes et l’indivision du patrimoine lignager.

    L’économie de montagne basée sur l’arboriculture, le jardinage, l’élevage et l’artisanat, différente de celle de la plaine, basée à l’époque, essentiellement sur les céréales, est complémentaire. Un rapport montagne /plaine fut établi. Il renforce le maintien des populations par l’échange du surplus de produits issus de l’économie de montagne (nombreux à l’époque) contre par exemple des céréales qui faisaient défaut dans l’agriculture de montagne .

    Après la colonisation de la région, l’équilibre qui a maintenu les populations se trouve compromis avec la destruction de l’économie et le démantèlement des institutions sociopolitiques sur lesquelles elle repose : expropriations des terres, destructions du patrimoine forestier et arboricole (incendies), déportations, impôts sur la guerre, interdiction du commerce (les souks) et enfin démentèlement des institutions socio-politiques du village.

    Les institutions qui ont maintenu les communautés kabyles sur la montagne, se trouvent donc vidées de leur substance et le rapport montagne/plaine se trouve inversé. "Les choses ont changé à l’époque coloniale, lorsque les plantations modernes ont été étendues dans les plaines …Ainsi s’est trouvé profondément modifié le rapport économique plaine/montagne, dans lequel jusque là, la montagne était privilégiée",  écrivait Marthelot.

     La montagne ne peut plus répondre aux besoins de ses habitants et les ressources économiques ne cessent de diminuer : la terre ne peut plus nourrir la dense population. L’émigration est impérative pour le surplus humain vers les grandes villes d’Algérie (Boufarik Alger et Annaba) et en Europe. "Mis en contact avec l’économie moderne par le salariat et l’émigration, le fellah a été amené à en intérioriser progressivement la logique de rationalisation (la prévision va se substituer à la prévoyance l’esprit de calcul à la “nniya"-refus de calculer". L’émigration des Kabyles en Europe a commencé bien avant la première Guerre mondiale. On compte en mars 1914, 1635 mineurs kabyles employés dans le bassin houiller du Pas-de- Calais et du Nord.

    C’est à partir de la seconde Guerre mondiale que l’immigration fut effective pour les Kabyles. Le manque de dynamisme économique, la scolarisation, et surtout la densité humaine et l’offre d’emplois du pays d’accueil, ont poussé les gens à immigrer en France. Mahé écrivait : "Après avoir envisagé tous les paramètres qui concourent à l’ampleur  du phénomène migratoire, c’est seulement dans les deux douars (Beni Douala et Beni Mahmoud) présentant respectivement 372.hab./km2 et 314 hab./km2 que la corrélation entre densité démographique et intensité d’immigration nous semble relativement pertinente puisque les taux d’immigration par rapport à la population active masculine atteignent respectivement 53 % et 47% contre une moyenne régionale  de 245 hab./km_et 36,3°% d’émigrés".

    Jusque-là, l’émigration était une activité temporaire qui avait pour objectif le soutien des structures familiales communautaires. "Les revenus de l’émigration et ceux obtenus sur place sous forme de salaire ont donc, dans un premier temps, servi directement l’économie d’autosubsistance". Le stock de prévoyance, agricole et artisanal dont disposait la société familiale communautaire fut renforcé dans un premier temps, par l’apport du capital monétaire issu de l’émigration. Ensuite au fur et à mesure que le capital monétaire augmentait, le stock agricole et artisanal diminuait. L’essor démographique accentuait le phénomène et la terre ne pouvait plus nourrir la population. La société passa de l’économie d’auto-subsistance où l’individu dépend du produit de la communauté, à l’économie de dépendance où la communauté dépend du produit individuel. Ainsi la société kabyle est devenue consommatrice et une réserve de main d’œuvre. Après l’indépendance, l’émigration n’est pas épargnée par les changements qu’ont connu toutes les structures de la société familiale communautaire. Elle n’est plus l’émigration temporaire qui renforce les structures de la société, elle devient une source de subsistance et un enrichissement individuel (la mutation s’est faite donc dans un premier temps de l’émigration temporaire à l’émigration de longue durée ensuite à l’émigration familiale dans un second temps). La migration familiale de peuplement est favorisée par les nouvelles orientations de la politique migratoire : "Les objectifs économiques à court terme poursuivis à travers l’usage de cette force de travail d’appoint qu’est la main-d’œuvre immigrée, s’avérant insuffisants, ce sont les préoccupations à long terme, telles que, celle de la reproduction démographique qui vont s’imposer."

     Les conséquences de la dépendance économique font éclater l’unité sociale, (axxam ou famille élargie) et font apparaître des ménages (mari et femme). Le phénomène s’est accentué avec l’accès de la femme à l’instruction et au travail.

    Ainsi à Tala-Khlil, le phénomène d’exode de ménages vers les villes a commencé au lendemain de l’Indépendance. Quant à l’émigration familiale vers la France , elle n’a commencé que dans les  années 70 . Elle s’est accentuée dans les années 90 et 2000.

    Depuis, l’émigration et le salariat sont devenus les principales sources économiques de la région. Le travail de la terre est devenu secondaire(une contrainte). Désormais, la montagne est passée de l’économie d’autosubsistance à l’économie de survie. Les montagnes restent tout de même, peuplées, consommatrices, et servent de réservoirs de main-d'oeuvre.

                                                                           

    Bibliographie et sources archivistiques

    1)  M. Dahmani, Economie et société en Grande Kabylie,O.P.U , Alger 1987.

    2) F. Dessomes P.B, Notes sur l’histoire des Kabyles, Editions Tira -1992.

    3) Gabriel Camps-Libyca- Encéclopédie berbère -Etre berbère

    4) Revue Africaine n° 5. . "Burgus Centanarius ou redoute romaine en Kabylie" Berbrugger

    5) Mahfoud Keddache, l’Algérie dans l’antiquité, le refus berbère, ENAL 1992.

    6)  Anadi n°3 et 4, article "Wedris" Mouhend Akli Hadibi, 1999.

    7)  A. Hanoteau A. Letourneux, La Kabylie et les coutumes kabyles, –Atout Kabyle, Europe

    8) Henri Genevois, monographie villageoises At. Yenni etTagemmout Azouz. ENAG-Editions

    9) Si Amar Boulifa, Le Djurdjura a travers l’histoire. Editions Berti.

    10) J. Morizot, cahiers de l’Afrique et de l’Asie,-l’Algerie kabylisée, annexes, listes des centres municipaux au 31 octobre 1948.                                                           

    11)  J . Nil Robin notes historiques sur la Grande Kabylie de 1830 à 1838, présentation d’A. Mahé Editions Bouchene 2001.

    12) J. Nil Robin, La Grande Kabylie sous le régime turc, présentation d’A. Mahé, Editions Bouchene 2001.

    13) A. Mahé, Histoire de la Grande Kabylie Editions Bouchene 2001.

    14)  Y.Adli La Kabylie à l’épreuve des invasions, Editions Zyriabes, 2004.

    15) G. Camps, Aux origines de la berbèrie/ Massinisa ou le début de l’histoire, Alger 1961 ;

    16) G. Camps, Les civilisations de l'Afrique du Nord et du Sahara, Paris 1974.

    17) G. Camps, Les Berbères mémoire et identité, Paris 1987.

    18) Revue Africaine N°5 Article, L’élargissement des droits politiques des indigènes, ses consequences en Kabylie, de M.M.Remond, O.P.U.

    19) S. Chaker, Imazighen ass-a, Editions Bouchene, 1990.

    20)   A. Zehraoui, L’immigration de l’homme seul à la famille, Ceimi l’Harmattan, 1994.

    21) "Rapport de la commission chargée d’étudier les conditions de travail des indigenes algériens dans la métropole 1914, Editions Gouraya.

     Par Ramdane Lasheb

    Source : http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=30113&ed=MTM0OA==






    Une soirée de théatre kabyle à Montréal le 11 novembre 2006

    09/11/2006 04:50

    Une soirée de théatre kabyle à Montréal le 11 novembre 2006




    Résumé de la pièce

    ‘Tidak n Nna Fa’ ou ‘les vérités de Nna Fa’, est la première pièce de théâtre kabyle à être présentée en Amérique du Nord.

    Elle est de retour à Montréal le 11 novembre 2006 à 19:30, au Patro le Prévost, 7355 Christophe Colomb, métro Jean Talon.

     Le prix des places est de 10$

                                                        (visitez :  http://www.acaoh.ca )


    Cette comédie en 3 actes met en scène une vieille kabyle qui, à l’occasion d’une visite inusitée chez son médecin, laisse libre cours à ses vérités sur la vie sociale en Kabylie et sur la vie tout court. Dans un tourbillon de répliques ou se mêlent le rire et les larmes, Nna Fa
    avec la complicité de son médecin, nous fait explorer tut un registre d’émotions : la tendresse, la nostalgie, le respect et l’admiration. Nna Fa nous fait découvrir que nos vieilles parentes ont un regard sur la vie beaucoup plus lucide que nous ne le pensons. Elle nous fait entrevoir des trésors de sagesse et de lucidité que nous avons peut être sous estimés. Nna Fa dans une langue de tous les jours déroule devant nous toute une philosophie de la vie d’une simplicité et d’une authenticité surprenantes. Elle nous réconcilie avec une génération dont nous n’avons pas toujours saisi la mesure.

    Beaucoup de rire, de tendresse mais aussi de sagesse au rendez-vous.

    Allez voir Nna Fa, c’est un voyage garanti en Kabylie, mais aussi un voyage au plus profond de nos cœurs de fils et de filles. Rire et pleurer en Kabyle voila ce que Nna Fa vous promet.

     Source  : http://www.berberes.com/

     



    Commentaire de Arezki (12/11/2006 06:30) :

    Voila! je viens de voir le spectacle à Montréal ça été une agréable soirée typiquement kabyle ,je remercie beaucoup la troupe (Hocine Toulait -Arab Sekhi et Djouher Sekhi)sans oublier tous les membres de l'Association Culturelle Amazighe d'Ottawa-Hull à qui je souhaite une bonne continuation. Tannemirt .





    Il ya 20 ans ,Lounis Ait-Menguellet lançait Asefru

    05/11/2006 06:18



     

    Source : http://www.depechedekabylie.com/popread.php?id=28968&ed=1330
    • Il y a 20 ans, Aït Menguellet lançait Asefru
      Le verbe et la parole en action

    L’évolution de la poésie de Lounis Aït Menguellet, depuis qu’il a ‘’taquiné la muse’’ à la fin des années 60, a eu un parcours si harmonieux et si serein qu’elle s’imposa imperceptiblement dans les milieux de la jeunesse kabyle pendant une trentaine d’années. Même si, pour la commodité de l’analyse, des auteurs ont procédé à un classement chronologique et thématique des compositions de notre poète, il en ressort que le bon sens et la vision honnête des choses subissent là une entorse indéniable du fait que rarement une chanson de Lounis Aït Menguellet se prête à être confinée dans un thème unique exclusif d’extensions parfois aussi importantes que la motivation centrale qui anime la construction dans son ensemble. Des premières chansons sociales, dont le texte est parfois pris de Si Muh U M’hand, aux textes très élaborés d’inspiration philosophique, en passant par les chansons d’amour qui ont fait vibrer la jeunesse des années 70 et les poèmes d’engagement politique, un fil conducteur noue ses épissures tout au long de cette œuvre unique dans la poésie kabyle moderne. Faute de pouvoir le désigner autrement, ce fil sera désigné tout simplement ‘’la magie de l’asefru”. C’est le grand Jean El Mouhouv Amrouche qui donne une définition à la fois simple et chargée de sens de ce qu’est le poète. Il disait : "Le poète est celui qui a le don d’asefru". On sait ce que ce terme représente dans la culture kabyle : le verbe issefruy signifie à la fois expliquer, expliciter, rendre intelligible, dénouer l’énigme.

    Il s’ensuit que la mission du poète en Kabylie ne se limite pas à une composition rimée et rythmée qui égaye les siens ou les divertit, mais va au-delà en s’investissant dans une esthétique d’engagement social et politique et dans une réflexion philosophique dans laquelle se conjuguent la sapience kabyle et les apports de la pensée universelle.

    Les pièces poétiques d’Aït Menguellet deviennent de plus en plus élaborées par le recours à l’abstraction. Cette dernière met en scène les cas les plus généraux qui puissent se poser à l’homme où qu’il soit. Cette forme de paradigme d’accès à l’universalité n’exonère nullement le texte des repères et indices de l’algérianité et de la kabylité qui, d’ailleurs, lui servent de soubassement premier.

    Nous tenons, pour notre part, l’album Amacahu (1982) comme le point de départ d’une aventure intellectuelle qui se poursuit avec un égal bonheur jusqu’à la dernière production Yennad Umghar (2005). Cela ne signifie guère que les œuvres telles que Al Musiw ou ‘’Ayagu’’ aient manqué de pertinence ou de profondeur. Ces deux albums porteurs de sens et de puissance ont une place privilégiée dans l’histoire de la poésie kabyle du fait que le premier a précédé le soulèvement de la Kabylie en avril 1980- il en donne même les premiers signes et a joué un grand rôle dans l’éveil de la conscience politique et identitaire-, et le second a succédé à cet important événement et il en  exprime les désenchantements et les espoirs.

    Quatre ans après avril 1980, Aït Menguellet scrute d’un œil critique, acerbe, voire même pessimiste, les horizons des principales revendications de la Kabylie. Avec Ayaqbaïli, il exprime la grande désillusion de la population devant un mouvement qui, tout en ayant arraché le droit à l’expression publique de l’identité berbère, demeure aux yeux de tous inabouti.

     

    Le prélude d’Amcum

    Pendant les jours torrides de l’été 1985 où fut commémoré avec un faste indécent le 23e anniversaire de l’Indépendance, des militants politiques et associatifs activant dans la clandestinité imposée par le parti unique ont été arrêtés et emprisonnés dans le pénitencier de Berrouaghia. Ils furent des dizaines : fondateurs de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, membres de l’Association des enfants de Chouhada, membres du parti clandestin le MDA,…etc. Déjà, lors de la journée de l’Aïd El Adha, à l’aube, la caserne de police de Soumâa à Blida fut investie par les éléments islamistes appartenant à la branche de Bouyali et Chabouti. Ils emportèrent des armes et se replièrent par la suite sur les monts de l’Atlas blidéen entre Larbâa et Tablat. Les services de sécurité ne viendront à bout de ce groupe que quelques mois plus tard. De son côté, l’élite kabyle a été étêtée et la presque totalité des activistes ont été arrêtés (Ali Yahia, Saïd Sadi, Hachemi Naït Djoudi, Ferhat Mehenni,…). Le 5 septembre, ce sera le tour du poète Lounis Aït Menguellet à qui- parce que faisant la collection de vieilles armes dans son domicile- il sera reproché de ‘’détenir des armes de guerre’’.  Le chanteur sera condamné à trois ans de prison.

    Il faut rappeler que, un mois auparavant, Aït Menguellet avait donné un concert à Sidi Fredj où il rendit hommage aux personnes qu’on venait d’emprisonner. Ce que la population kabyle ne pouvait jamais imaginer- tant le personnage était entouré de respect et de considération- devait bien arriver : Lounis sera emprisonné.

    Dans les médias officiels, c’est le silence radio si ce n’est les communiqués émanant du parquet ou de l’APS. L’effort minimal fut fourni par la seule radio kabyle, la Chaîne II , elle aussi organe d’État, en diffusant en boucle la chanson de Lounis Amcum produite en 1979. Message codé rapportant le cas d’un homme qui a conduit avec d’autres amis un combat pour la liberté et qui, après son arrestation et son incarcération, se retrouve seul face à son destin. Les amitiés militantes s’effilochèrent devant la peur de l’arbitraire. La solidarité est la grande absente.

    Le poème Amcum de Lounis Aït Menguellet fait partie du l’inénarrable album Ayagu. Il retrace le destin d’un militant qui s’est sacrifié pour une noble cause engageant le destin collectif de ses compatriotes. L’esprit de la lutte, l’âme de la résistance et le devoir de ne pas fléchir devant l’arbitraire et la tyrannie le conduisent tout droit au cachot. Lui seul subira les affres de la prison. Non pas qu’il menât seul le combat, mais il fut abandonné en cours de route par ses camarades avec qui il mangea du pain sec. Par peur, par lâcheté, suite à des pressions ou à des promesses alléchantes, tous les cas de figure peuvent se présenter et conduire à disperser les rangs, à semer la zizanie, le doute et la perplexité parmi les membres du groupe. Le héros du poème se retrouvera seul face à la machine infernale de la répression. Que sont les amitiés militantes devenues ? Que représente le serment de solidarité et de destin commun que les militants ont fait ?

    Les luttes démocratiques menées en Kabylie ont connu les avatars des récupérations, pressions et corruptions qui ont conduit à la désunion et à la désintégration des rangs au point qu’un individu ou un petit groupe soit offert en hostie à la cause défendue. D’où le titre de la chanson Amcum qui peut être traduit par Le Maudit.

    La voix du prisonnier est contenue dans les murs du cachot ; ses anciens amis sont loin, en sécurité mais dans la lâcheté :

    Et si vous entendiez ses cris,

    Ô vous ses amis,

    Sans doute vous en perdriez le sommeil !

     

    A l’étranger, c’est grâce à la présence d’esprit de journalistes français venus couvrir le rallye Paris-Alger-Dakar qui, à l’époque passait par notre pays, que l’écho de la répression a pu franchir les frontières. Des équipes de journalistes de la presse écrite, de la radio et de la télévision ont pu fausser compagnie à l’institution de Thierry Sabine à partir d’Alger pour se rendre en Kabylie afin de faire des reportages sur les manifestations de la population qui demandait la libération des prisonniers.    

    Cinq ans après le grand réveil de la Kabylie , appelé Printemps berbère, toutes les tentatives d’exercice de la citoyenneté émanant de la société sont écrasées par la machine infernale de la répression de l’État-parti. Les espoirs et les ambitions de la partie la plus éclairée de la société se transformèrent en d’affligeants désenchantements et en de lourdes interrogations. Cette forme d’impasse politique et sociale aura pour terrain d’expression idéal la chanson.

     

    Sur les traces d’un quidam

    C’est après sa sortie de prison qu’Aït Menguellet mit sur le marché l’album Asefru. Au milieu de cet été 1986, l’Algérie continuait à bouillonner suite aux événements des mois écoulés. La cour de sûreté de l’État avait prononcé son verdict en janvier 1986 contre les animateurs de la revendication démocratique : trois ans de prison ferme. Les cours du pétrole ont commencé à dégringoler et l’économie de pénurie organisée battait déjà de l’aile. Tous les éléments du décor qui allaient plonger les Algériens deux ans plus tard dans une crise sanglante (octobre 1988) étaient déjà plantés.

    Le destin de prisonnier est un thème traité par plusieurs poètes et chanteurs kabyles. Il fait, en tout cas, partie de l’histoire tourmentée de la région dont les enfants ont subi le bagne de Cayenne (Guyane française), étaient déportés en Nouvelle Calédonie, incarcérés à la prison de la Santé , de Lambèse, d’El Harrach ou de Berrouaghia. L’une des chansons de l’album Asefru  ne manque pas de nous mettre dans le bain de cette réalité même si le texte va plus en profondeur en sondant l’absurdité de la marche du monde et en se terminant par une note d’espoir. Le titre du poème : Tebeâgh later bwi tilane (J’ai suivi les traces d’un quidam) recouvre le reste du texte d’un halo de mystère. Il se poursuit par une situation d’absurdité où le protagoniste tourne dans un cercle vicieux retrouvant à chaque fois ses propres traces :

     

    "J’ai suivi les traces d’un quidam

    Et pris le chemin pour le rattraper.

    Mes pieds par la marche sont usés ;

    En fait, je ne faisais que tournoyer.

    Lorsque je crus parvenir à mon but,

    Je retrouvai mes propres traces."

    Blasé et même mortifié par la nouvelle condition qui lui est faite, le personnage ne peut plus ressentir la beauté des roses ni en flairer les fragrances. Par un magique effet d’images, le poète compare la gourmette aperçu sur un bras aux fers ou menottes d’un prisonnier. C’est dire les séquelles morales et psychologiques d’un séjour en prison. Aït Menguellet en fait un joyau poétique :

     

    "La rose à la belle figure,

    j’envie ceux qui l’admirent encore.

    Naguère, comme eux, j’en connaissais le parfum ;

    Ores, je ne veux plus la regarder.

    Quand je vois une main ceinte d’une gourmette,

    Ce sont les chaînes qui me viennent à la tête. 

    N’en cherchez pas la raison ;

    Dites seulement que je suis à plaindre".

    Les retournements de situation sont tels que l’auteur est amené à vivre l’ironie du sort. Ayant usé de la parole et de la magie du verbe pour libérer la pensée et éveiller la conscience de ses compatriotes, il sera recouvert du silence carcéral et du vide sidéral.

     

    "Nous voyons le temps s’enfuir ;

    Nous entendons ses complaintes.

    Nous entendons ses appels

    Et exprimons ses souhaits.

    Un jour, par une adverse fortune,

    Ce que je disais se retourna contre moi.

    Alors que je croyais me servir de la parole,

    Le silence me recouvrit".

     

    Quel que soit le silence décidé par les princes, pour le poète ce ne sera que répit conjoncturel. Sa noble mission, sa conscience aiguë du devoir, son serment ne peuvent souffrir le recul, le bémol ou l’abdication.

     

    "Vous entendîtes les cris du cœur

    Lorsque [de colère] il est gonflé.

    S’il se tait, les gens l’oublieront.

    Nous ne cesserons de parler

    Que lorsque auront souri ceux qui pleurent".

     

    Union et déréliction humaine

    Dans le sillage des amitiés militantes qui subissent le coup de boutoir des vicissitudes de la vie, des déchirements générés par des intérêts bassement matériels et des manœuvres diaboliques de division menées par les tenants de l’ordre établi, Aït Menguellet nous conduit, par le truchement d’une métaphore fort éloquente tirée de la vie familiale et domestique, dans la difficile et complexe réalité qui fonde les liens de fraternité et d’amitié. Quoi de plus expressif pour rendre ce destin adverse qui guette toute forme de liens que l’histoire de ces frères faisant tirer l’araire, semer et battre la moisson sur les pentes abruptes du pays kabyle ? Lounis prélude son poème par les regrets de l’un d’eux suite à la faillite qui a frappé la vieille fraternité :

     

    "Je t’ai insulté, frère, sans vergogne.

    Toutes mes imprécations

    T’ont touché sans m’épargner.

    Si je me suis trompé de chemin,

    Je ne suis, après tout, qu’un être humain ;

    Peut-être ai-je mal soupesé.

    Tu sais ce que j’attends de toi :

    Toi, non plus, ne me ménage pas.

    Je veux simplement te demander

    Où est la vérité, dis-moi !"

     

    De ce style direct qui instaure un face-à-face entre les deux frères et où l’un d’eux fait amende honorable pour sauver ce qui peut encore l’être, Lounis évolue vers un style de narration dans lequel il a recours à la troisième personne du singulier et à la troisième personne du pluriel. En outre, il prend à témoin- et à la cantonade- le public sur la nature de la relation qui liait les deux personnes dans la même épreuve. Cette relation de complicité et de communauté de destin tissée dans la souffrance et le purgatoire de l’action de labour des terres en friche ou dans l’arène de battage de blé a évolué négativement pour donner lieu à des dissensions dommageables pour les deux parties. C’est l’image et l’allégorie des relations humaines lorsque les protagonistes se trompent d’adversaires et empruntent les dédales des invectives et des rancœurs fatales. Le résultat ne peut être que la séparation dans la douleur, l’esseulement et la déréliction humaine :

     

    "Vous entendîtes les cris de leur dispute ;

    Des cris allant dans tous les sens.

    Chacun avait ses propres raisons.

    L’union du temps où ils labouraient,

    Semaient ou battaient le blé,

    S’est volatilisée sans laisser de traces.

    Ils ont dilapidé le fruit de leurs efforts,

    Et chacun en perdit son âme ;

    Se disant que c’est là son destin.

    Pour au moins se consoler."

     

    Aède effronté

    Le chanteur revient ensuite sur le rôle du poète dans la société ; un ‘’aède qui fait du porte-à-porte pour répandre la parole de vérité’’. Ce qu’il estime du moins être la vérité. Lounis introduit cette nuance pour relativiser cette notion protéiforme qu’il a par ailleurs développée dans d’autres textes aussi denses et aussi riches. Aït Menguellet accorde au poète un rôle d’éclaireur et d’éveilleur de conscience, mais, loin de la fausse modestie, il n’en fait pas un prophète infaillible :

     

    "Pardonnez-moi,

    Je suis un aède effronté,

    À la marche éternelle

    Et qui va de porte en porte

    Pour dire ce qu’il croit être la vérité ".

     

    La suite du poème s’adresse à un personnage ingénu ou trompé dans sa bonne foi par un milieu englué dans les combines, les manigances et les coups bas. Les ‘’tireurs de ficelles’’, comme les nomme le poète, savent quels sont les points faibles de leur future victime, leur proie. Ce sont sa bonne foi et sa volonté primesautière qui seront exploitées contre lui. Il sera machiavéliquement utilisé pour réaliser les objectifs des manœuvriers.

    À la fin, on ne lui laissera que ‘’ses yeux pour pleurer’’. Ce machiavélisme débridé est l’image exacte de ce qui s’est tramé contre toutes les bonnes volontés en Algérie pour les isoler et les neutraliser dans la scène politique algérienne pendant les années de dictature et de la chape de plomb qui pesé sur les Algériens. Ce sont aussi des images dans lesquelles peuvent se reconnaître tous les hommes et les peuples brimés et soumis à travers le monde. Cette universalité de la douleur et de la tyrannie n’empêchent pas le texte de Lounis de s’arrêter sur le cas particulier de la Kabylie dont les enfants ont plusieurs fois été offerts en hostie pour des causes qui ne sont pas nécessairement les leurs. Ils sont acquis à ces causes par la louange excessive qui fait d’eux des porteurs des valeurs de bravoure et de vaillance. Une fois la basse besogne accomplie, le Kabyle sera tout bonnement trucidé par ceux qui ont fait appel à ses services.

    "Par une mielleuse langue, nous donnons une autre image à la fraternité (…) Nous avons mis tous nos espoirs dans la fraternité naissante, mais nous l’insultâmes dès qu’elle se présente à nous. Nous l’abandonnons à son sort, souvent cacochyme, et nous pleurons sa force épuisée. Nous brisons son énergie comme si avons peur de sa rémission".

     

    L’anti-Machiavel

    Suivent alors de lourdes et angoissantes interrogations adressées par le personnage à son frère. Ces interrogations nous plongent dans un des plus complexes chapitres de la science politique relatif à la course au pouvoir. Le thème est déjà traité par Aït Menguellet d’une façon magistrale dans Ammi (1983) où il développe les grandes idées de Machiavel sur les qualités et les valeurs dont doit se prévaloir le prince pour garder et élargir ses pouvoirs sur la société. Mais, pour schématiser la démarche, l’on peut parler ici de l’anti-Machiavel du moment où le poète s’attèle à démonter les arguments soutenant les intérêts des uns et des autres. Il rappelle à son frère les belles et nobles valeurs de liberté, d’union, de communion et de solidarité qu’ils défendaient jadis ensemble et qui semblent aujourd’hui écrasées par l’appât du gain, la course au commandement et le désir d’instaurer un pouvoir personnel.

    Ce climat n’est pas très loin de celui régnant chez l’élite kabyle qui, tout en activant dans la clandestinité pour la promotion de l’identité berbère et de la démocratie, est frappée par ce vice rédhibitoire, une tare que partagent sans doute beaucoup d’autres mouvements d’opposition à travers le monde du fait du pouvoir de manipulation et de corruption dont disposent les princes du moment. 

     

    "Nous nous comprenons bien,

    Et tenons à réaliser nos espoirs.

    Nous inventerons l’union

    Et ferons adhérer d’autres.

    Nous manipulerons les gens

    Jusqu’à ce qu’ils marchent sous nos ordres.

    Vois alors qui sera le plus futé parmi nous :

    Un seul accèdera au pouvoir ;

    Si tu ne m’élimines pas,

    Je t’éliminerais !

    Frère, dis-moi si l’union est bonne

    Quand elle s’établit.

    Frères, dis-moi, si véritablement elle est bonne". 

     

    Trois autres strophes succèdent sur le même rythme et reposent sur le même principe d’interrogation. Y sont traitées les questions liées aux ‘’renégats de classe’’ au sens économique, à ceux qui ont oublié la non liberté dans laquelle ils étaient maintenus au point de la faire subir aux autres une fois arrivés au pouvoir et, enfin, à ceux qui hypocritement revendiquaient les libertés culturelles et qui, repus et outrecuidants, en seront arrivés à remettre la chape de plomb sur tout autre son de cloche (‘’nous chasserons l’oiseau dans les bois dès qu’il émet un gazouillis’’).

    Ce sont, aux yeux du poète, autant de revirements et de reniements animant la marche des anciens groupes brimés et soumis. Dans son dernier album Innad Umghar sorti en 2006, Aït Menguellet revient sur ce mouvement de reniement des valeurs de combat. ‘’Ceux qui se plaignent de l’arbitraire l’exercent à leur tour dès que la possibilité leur est offerte’’. C’est en quelque sorte le destin des mouvements révolutionnaires qui ne disposent pas de la maturité suffisante- maturité de classe et de culture- et qui sont perméables à toutes sortes de manipulation et de corruption.

     

    "Repus, nous effacerons la faim

     Et serons les égaux des riches.

    Aux gueux nous tournerons le dos

    De peur qu’ils nous sollicitent.

    Mon frère, dis-moi,

    Si la satiété est bonne quand elle survient.

    Frère, dis-moi, si véritablement elle est bonne".

     

    Il est établi à travers l’histoire et dans les réalités sociales de chaque jour que la réaction des parvenus est toujours des plus maladroites et des plus négatives du fait qu’elle exprime presque toujours le complexe issu de l’extraction d’origine des concernés  : dédain et insolence, selon les termes de Balzac. D’après Georges Duhamel, ‘’il n’y a que deux espèces de parvenus : ceux qui parlent toujours de leurs origines et ceux qui n’en parlent jamais’’. Il est évident que les parvenus dont parle ici Aït Menguellet sont à classer dans la seconde catégorie. Tous leurs efforts sont tendus vers l’effacement du souvenir de leur condition première. Balzac, dans Le Lys dans la vallée, donne une image saisissante de cette classe : "Les parvenus sont comme les singes desquels ils ont l’adresse : on les voit en hauteur, on admire leur agilité pendant l’escalade ; mais arrivés à la cime, on n’aperçoit plus que leurs côtés honteux".

    Comme tous calculs de ceux qui espèrent un jour prendre le pouvoir se dirigent vers la reproduction des méthodes de ceux qui les ont commandés auparavant, la revendication culturelle, elle non plus, n’est pas épargnée par l’hypocrisie et la manipulation.

    Trois ans avant la légalisation des partis politiques en Algérie, Aït Menguellet pose la lourde question qui n’a pas cessé de travailler et de tarauder les structures des partis se réclamant les porte-étendards de la revendication culturelle.

    "Mon frère, dis-moi,

    Est-ce pour la kabylité qu’on lutte,

    Ou bien c’est le pouvoir qu’on convoite" ?

     

    Il est clair que la kabylité est ici entendue dans le sens de la revendication de la culture berbère portée à bras-le-corps par des générations entières de jeunes et d’universitaires de la région.

     

    La symbolique d’Umari

    La traîtrise et la perfidie, depuis que Umari- héros et bandit d’honneur- a été ‘’donné’’ par un proche à l’administration française, se confondent presque à cette histoire. Aït Menguellet en tire l’enseignement pour l’appliquer à la situation du pays où les héros et les auteurs de bonnes œuvres sont souvent abandonnés, trahis et malmenés par leurs pairs et parfois même par des médiocres ingrats. Qu’il s’agisse des lendemains de la guerre de Libération ou d’autres formes de luttes postérieures, les sacrifiés continuent à être sacrifiés, eux ou leur progéniture. La terrible leçon vaut surtout ici pour la Kabylie. "Un Kabyle qui émerge sera tué par un autre Kabyle". Les cas sont nombreux, mais ils se passent toujours en vase clos. Ce sont presque toujours des interférences extérieures, des manipulations à fort potentiel clientéliste qui conduisent à des guerres intestines de ce genre. L’action des exécutants, des hommes de main, a un nom : la lâcheté. C’est pourquoi, dira Aït Menguellet :

     

    "Ne crains pas les hommes nobles ;

    Ils ne trempent pas dans l’arbitraire

    Et n’usent d’aucune injustice lorsqu’ils t’abordent.

    Prends garde aux âmes lâches,

    Forces indolentes."

    Ces forces indolentes, avachies, ne reculent devant aucun scrupule. Effrontées, elles ne peuvent affronter l’adversaire que par des manœuvres immorales, voire par la pire des forfaitures.

    Le thème de la chanson Teksem lmehna n’est pas très loin de celui abordé dans Ahmed Umari. Il y est mis en relief surtout l’ingratitude des siens et la terrible infortune qui frappent ceux qui ont cassé les chaînes de la sujétion et ouvert la voie vers des horizons nouveaux.

     

    "Vous avez triomphé de la difficulté

    Mais elle a enfanté des jumeaux.

    Vous avez brisé les chaînes,

    Elles se sont retournées contre vous

    Pour vous enchaîner.

    C’est comme si vous jouiez aux cartes :

    Vous ne savez si l’avenir vous réserve une place

    Ou s’il vous emportera dans son sillage".

     

    Sur le front du combat, au milieu des maquis, ces briseurs de chaînes ne suscitèrent, dans certains cas, que dérision et acerbe moquerie de la part de leurs compatriotes. Ce n’est qu’après la victoire sur les forces du mal (colonialisme) qu’on reconnut, tantôt du bout des lèvres tantôt avec un zèle suspect, les mérites de ces hommes engagés dans le combat :

     

    "On nous raconte les hauts faits des hommes

    De chaque époque.

    Ils s’engageaient dans les monts et les plaines ;

    On les surnommait sangliers.

    Lorsqu’ils eurent brisé les chaînes,

    On les ennoblit alors du nom de lions".

     

    Le poème : subversion et rédemption

    Il serait peut-être incompréhensible qu’un poète qui produit des merveilles, qui a révolutionné complètement le texte et la thématique de la poésie kabyle, ne nous éclaire pas sur le rôle de la poésie dans la société et sur la fonction des poètes. Aït Menguellet l’a fait à plusieurs reprises en nous apprenant la place du verbe et de la parole dans l’ordre social.

    Il a aussi traité des difficultés et épreuves qui se dressent sur le chemin des aèdes modernes lorsqu’ils veulent faire parvenir le message de vérité à leurs concitoyens pour les sensibiliser sur des problèmes liés à la gestion politique et économique du pays. Dans toutes les contrées où sévissent le despotisme, la régression sociale, l’injustice et la discrimination, la société a produit ses propres défenseurs, ses agents de la culture, qui interpellent, mettent en garde, avertissent, à travers des strophes parfois clairement exprimées et d’autres fois soutenues par une rhétorique exigée par la situation de non-droit et d’arbitraire.

    Mais, dans tous les cas de figure, de Pablo Neruda à Nazim Hikmet en passant par Eluard et Aragon, le ‘’discours’’ du poète ne peut se départir de cette esthétique fondamentale, de ces émotions, qui font qu’un poème n’est jamais un discours politique raide, sec ou désincarné. Cette jonction entre l’esthétique de la poésie et l’éthique de l’engagement social et politique est clairement visible et pleinement ressentie dans l’œuvre d’Aït Menguellet.

    Dans la chanson éponyme de l’album Asefru, notre poète s’adresse aux siens qu’il invite à s’armer de poésie pour affronter la vie et aller de l’avant, comme il s’adresse aussi au prince qui veut réprimer les poètes sans rien comprendre à leur message.

     

    "Ô toi rongé par la grandiloquence,

    qu’a-t-elle épargné en toi ?

    Tu crois avoir compris la vie

    Et découvert sa faille.

    Maintenant que tu comprends, sache-le :

    Tu es cette faille-même !

    Ce qu’il subit n’est jamais assez ;

    Quiconque le contente par le verbiage.

    Les futés lui prodiguent moult vivats

    Et le ramènent sur la piste de danse.

    Lassés, ils dépoussièrent la tunique

    Et le laissent honteusement dévêtu dans l’arène".

     

    Lounis présente le poème comme un viatique dont doivent se doter ses compatriotes pour faire face aux épreuves.

    "Allons, commençons la marche.

    Ami, déclame le poème.

    Hier comme aujourd’hui,

    C’est une halte pour notre fatigue.

    Le fardeau qui pèse sur nos épaules

    Se fera léger lorsqu’on se mettra à chanter.

    Si nous cédons à l’injustice,

    Le poème nous rendra sur le droit chemin.

    Notre droit est-il à jamais perdu

    Ou est-ce son tour qui tarde à venir ?

    S’il vient après nous, nous l’attendrons ;

    S’il nous devance, nous le rattraperons".

     

    La situation du poète n’est jamais confortable. Il incarne, presque par définition, la subversion. De fait, la poésie panégyrique ou laudatrice se trouve exclue de ce champ de définition. Elle peut signifier tout sauf la sensibilité, l’émotion et la capacité d’indignation. Cette dernière, par son effet de contagion, ne peut plaire aux princes.

     

    "Je trouve le barde en pleurs,

    Il m’en expliqua la raison.

    Son poème est pris par les autans.

    Il ne sait où il a atterri.

    Il craint qu’il tom





    IDIR rend hommage à LOUNÈS MATOUB

    05/11/2006 05:56



    A Tawrirt Moussa, est né un enfant sauvage
    Qui a parcouru tant de pays
    Et qui n'a jamais trouvé la paix
    Ni connu la peur

    A Tawrirt Moussa
    Est enterré l'homme du printemps
    Ce qu'il a chanté, jusqu'à en mourir
    S'appelle Tamazgha
    Gardons nous de l'oublier


    Extrait d'une chanson intitulée "Tizi Ouzou "dans laquelle
    Idir, chanteur amazigh algérien rend hommage à Matoub Lounès






    Kabylie mon amour

    05/11/2006 05:46

    Kabylie mon amour


     Celui qui aime sa région aime doublement son pays.





    Tant que naîtront les enfants de la probité ... Lounès Matoub

    05/11/2006 05:44



    Quand nous dominerait la faim et que nous serions fourbus
    Nous refusons de nous armer de patience
    Tant que naîtront les enfants de la probité, Insurrection, pas de soumission !
    Quand nous serions davantage encore ébranlés
    Notre route sera inchangée.
    Que de sang a si longtemps coulé,
    Nous n'avons pas déchu de la dignité des nôtres
    Par la noblesse de cœur, la probité, et la sagesse
    De l'Imposture, de l'Imposture, de l'Imposture
    Nous sauverons l'Algérie.

    Lounès Matoub






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