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Lounes Matoub : Enfant du peuple
15/10/2006 04:11
Entretien avec Lounès MATOUB http://www.berberes.com/webpages/Entretien_avec_Lounes_Matoub.html
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Lounès MATOUB est né le 24 janvier 1956 en Kabylie. A 9 ans, il fabriqua sa première guitare avec un bidon vide. Il publie son premier album en 1978. Criblé de balles par un gendarme en 1988, enlevé par les islamistes en 1994 et libéré par un gigantesque mouvement populaire, il était le chanteur le plus populaire de Kabylie. Il a été assassiné le le 25 juin 1998, en Algérie, dans dans des conditions non élucidées, vraisemblablement par des milieux proches du pouvoir. Son œuvre riche de 36 albums traite les thèmes les plus variés : la revendication berbère, les libertés démocratiques, l'intégrisme, l'amour, l'exil, la mémoire, l'histoire, la paix, les droits de l'Homme, les problèmes de l'existence ...
Enfant du peuple je suis, enfant du peuple je resterai. Certes, comme tout un chacun, j'ai mûri, et la popularité m'a sans doute fait prendre davantage conscience de mes responsabilités. Car, plus vous étés connus, plus vous avez des responsabilités. Je me dois d'être fidèle à moi-même. C'est que, profondément, mon personnage est resté le même. J'essaie d'être un homme honnête, peu apte aux compromissions. Je veux aller jusqu'au bout de moi-même, sans tricherie, sans concessions. Je sais encore dire non. Alors qu'il y a tant de béni-oui-oui, qui à force de dire oui, ont perdu leur "non". Je ne veux pas flouer mes admirateurs en leur promettant des lendemains qui chantent, en sachant pertinemment que le monde meilleur dont on annonçait tranquillement la venue s'éloigne de plus en plus. Gagner par une telle voie ne m'intéresse pas. Je risque de me perdre ou, pis encore, de couler dans la facilité. Je veux rester tel que je suis, sans verser dans la moindre concession commerciale. Et pourtant, actuellement, l'artistique est bien souvent obligé de se plier au veto du commercial. Poète d'indiscipline, insurgé, je n'ai jamais mis un poil de brosse dans mes poèmes et chansons. Jamais. Les mots caisse d'épargne et les mots -Email Diamant sont bannis de mon répertoire. Je suis sans cesse en lutte contre ce qui me paraît mauvais et détestable. Je me sers de l'amour pour fustiger ce que le monde des hommes a de laid et d'odieux. Pour me révolter contre la veulerie et la duperie, dénoncer l'imposture aux mille visages. Ma poésie est à tout instant une remise en cause, un prétexte à protestation contre les injustices, les abus, les tabous, etc.
Enfant du peuple je suis, enfant du peuple je resterai. Certes, comme tout un chacun, j'ai mûri, et la popularité m'a sans doute fait prendre davantage conscience de mes responsabilités. Car, plus vous étés connus, plus vous avez des responsabilités.Je me dois d'être fidèle à moi-même. C'est que, profondément, mon personnage est resté le même. J'essaie d'être un homme honnête, peu apte aux compromissions. Je veux aller jusqu'au bout de moi-même, sans tricherie, sans concessions. Je sais encore dire non. Alors qu'il y a tant de béni-oui-oui, qui à force de dire oui, ont perdu leur "non".Je ne veux pas flouer mes admirateurs en leur promettant des lendemains qui chantent, en sachant pertinemment que le monde meilleur dont on annonçait tranquillement la venue s'éloigne de plus en plus. Gagner par une telle voie ne m'intéresse pas. Je risque de me perdre ou, pis encore, de couler dans la facilité. Je veux rester tel que je suis, sans verser dans la moindre concession commerciale. Et pourtant, actuellement, l'artistique est bien souvent obligé de se plier au veto du commercial. Poète d'indiscipline, insurgé, je n'ai jamais mis un poil de brosse dans mes poèmes et chansons. Jamais. Les mots caisse d'épargne et les mots -Email Diamant sont bannis de mon répertoire. Je suis sans cesse en lutte contre ce qui me paraît mauvais et détestable. Je me sers de l'amour pour fustiger ce que le monde des hommes a de laid et d'odieux. Pour me révolter contre la veulerie et la duperie, dénoncer l'imposture aux mille visages.Ma poésie est à tout instant une remise en cause, un prétexte à protestation contre les injustices, les abus, les tabous, etc.
"Tu dois avoir pas mal d'ennemis ?"
Mes ennemis sont les tyrans, les oppresseurs quels qu'ils soient, les lâches, les veules, les hypocrites, et surtout les "parachutés" (.. Je n'aime pas les nouveaux riches plus attachés à leurs biens, à leurs privilèges, qu'à leur pays. Le soleil se lève tous les jours pour chaque citoyen(ne). Heureusement qu'il n'est pas importé à coups de devises, sinon il ne brillerait que pour une classe donnée.
"Quels sont tes rapports avec les journalistes algériens ?"
Ambigus. Mi-figue mi-raisin. Si on ne m'accorde pas beaucoup d'entretiens, c'est parce que je refuse toute concession dans l'_expression de mes opinions. On n'a rien à me reprocher. Sinon d'avoir un franc -parler. Et de ne pas être un béni oui - oui. Je ne suis pas l'homme des concessions. Je ne triche pas avec ma nature. Je m'affirme sans gêne aucune, en parfait dédain des convenances. J'aurais pu me pousser dans le monde et monnayer ma popularité, voire ma célébrité. Je ne l'ai jamais fait. Car je ne suis d'aucun pouvoir le dévoué serviteur. A travers RadioTrottoir interposé, certains journalistes (arabophones surtout) ont essayé de me présenter sous un éclairage peu flatteur, de me coller une réputation de raciste, de violent, d'ennemi public n°1, de voyou sans foi ni loi. Ils ont fait de moi le familier des prostituées et des truands. Ils ont inventé, pour me salir, des légendes scabreuses. Dans les rédactions algériennes, on me discute longuement. J'étonne et j'inquiète. Certains journalistes (critiques de variétés) ont de quoi me rendre circonspect. Pour des raisons qu'on devinera aisément, je me méfie de certains d'entre eux. Plusieurs rédacteurs en chef ou directeurs de rédaction coupent cyniquement, dans des articles, tout ce qui se rapporte (de positif) à moi. A part quelques articles élogieux (parus après octobre 88, il faut le souligner), les journalistes algériens de la culturelle m'ont ostensiblement, pour une raison de censure ou autres, dédaigné, et tout cela à cause de mes audaces de vocabulaire, la franchise et la précision des images, le caractère même des réponses et des sujets traités. Ignorant les interdictions, dédaignant les menaces, j'ai continué de composer et de chanter, quand même, envers et contre tous. C'est par la suite que j'ai appris que tout honneur est source de contraintes.
"Que signifie pour toi le fait de chanter en tamazight ?"
En tant que chanteur, je suis le représentant d'une vision et d'une _expression personnelle du monde qui m'entoure et de moi-même. Je ne veux pas mourir pour un héritage que je n'aurais pas assumé. Je revendique le fait d'être chez moi dans ma tête et dans mes mots et de vivre comme je le sens. C'est la raison pour laquelle j'utilise la langue amazighe pour brasser des émotions qui n'appartiennent qu'à nous parce que voir le monde à travers des yeux arabes du fond d'une âme berbère entraîne la mort. Et mon problème est que depuis l'indépendance, nous avons été honnis, bannis, écrasés, spoliés, chassés, traqués, arabisés de force au nom d'une idéologie arabo-islamiste qui est devenue officielle au lendemain de l'indépendance. Cela dit, pour moi le public auquel je m'adresse possède un inconscient collectif qu'il s'agit de réveiller. Je veux lui faire retrouver une identité qu'il pensait avoir perdue. La langue que parle mon peuple, perfectionnée et enrichie par des siècles d'oppression coloniale et raciste, offre sur l'Algérie un angle de vision unique.
"Que représente pour toi la culture amazighe ?"
Qui ne sait rien de son passé ne sait rien de son avenir. Le but n'est pas, ne peut être, de revenir à un mythique age d'or du passé. La culture amazighe, c'est une question de civilisation et l'avenir de notre pays se jouera peut-être dessus. A travers la prise de conscience de mon identité, j'ai découvert le génocide culturel et le viol linguistique subis par les miens. J'ai, aussi découvert toute une culture méprisée, humiliée, déclassée, exclue des deux écrans (le grand et le petit), interdite de colonne et de séjour. Un sujet dont on ne parlait qu'à mi-voix. On est dans une situation pire que celle des Bretons, des Occitans, des Corses, des Kurdes, des Arméniens et des Indiens. Impossible que soient toujours vainqueurs les plus corrompus et les plus honnis par l'histoire ! Et c'est pourquoi nous refusons d'être les nègres blancs, les indiens, le tiers-monde du pouvoir. Nous refusons d'être bougnoulisés, quoi ! Il reste fort à faire pour préserver ce pays paisible et lui épargner les fléaux de la violence et de l'intolérance. Tout est encore possible, il faut seulement prendre des risques avec sa vie pour préparer des lendemains meilleurs. Je me défends donc je suis. On veut tout leur faire oublier, aux imazighen : Leur identité, leur langue, leur culture. Ils se trouvent rangés dans une catégorie mineure de citoyens ; pire, ils n'existent pas en tant que tels, hormis pour le service national et comme force de travail. Et quand ce n'est pas un gros bonnet de la nomenklatura locale ou un officier supérieur de l'ex Sécurité militaire qui leur cherche midi à quatorze heures alors qu'il est dix heures, c'est un wali qui grignote leurs terres ancestrales à coups d'édits et de décrets d'utilité publique et sans indemnisation ou si peu, tellement peu que les indemnisés n'en veulent pas. A ces représentants du pouvoir, je dénie le droit de débarquer en Kabylie en conquérants. Je rejette leur tutelle. Ce peuple à qui l'on a volé l'âme refuse d'être un peuple rampant. Il refuse aussi de perpétuer l'état colonial dans lequel les pouvoirs en place ont voulu tenir les deux Kabylie qui n'ont d'intérêt pour eux que lorsque nos frontières sont menacées. Ils ne nous auront pas. Tu peux leur dire qu'il ne faudra plus compter sur la jeunesse Amazighe pour aller au casse-pipe.
"Est-il vrai que MATOUB est raciste envers les Arabes ?"
Fais-moi pas rire. C'est un jugement volontairement faux et un brin raciste, mais qui trahit bien le malentendu qui a toujours existé entre mes détracteurs et moi. Il y a une incompréhension totale qui me gêne car le public a rarement les données globales et objectives en main. Tout est politique et nous sommes bien ici en pleine politique. Je suis responsable de mes actes et la vérité se fait sur ce que je chante. Comment peut-on être raciste quand on a toute sa vie souffert du racisme ! J'ai trop souffert du racisme, de leur racisme, pour accepter à mon tour d'être raciste.
"Quelle est ta véritable culture ?"
Ma seule véritable culture est celle que je me suis trouvée en Kabylie puisqu'on sait que "l'oiseau ne chante bien que dans son arbre généalogique". La vie de mon peuple contient la somme de l'expérience des hommes. D'où le rapport charnel que j'ai avec ma terre natale, mes racines. La culture amazighe est, pour chaque Imazighen, la pierre de touche de son identité. C'est pourquoi je recrée chaque fois que je chante mon peuple. Je dépoussière ses histoires, ses contes, j'enrichis ses chants, préserve sa langue et ses valeurs, parce que tout cela m'a façonné et que si ce n'est pas moi qui le fais, qui le fera ? Tout enfant, j'avais fait cette pénible découverte : je n'avais pas le droit de parler ma langue et de connaître ma culture. Alors que nous étions censés être libres et indépendants. La langue maternelle, ça aide à se penser debout. Mon pays, c'est l'ALGERIE. Mais je suis le citoyen d'une autre patrie : LA CHANSON. Quant à la langue amazighe, c'est ma langue maternelle, la langue du foetus, la langue intérieure J'ai la double nationalité car j'ai deux pays : mon pays et mon pays intérieur. C'est dans la différence que je trouve mon identité.
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Malika MATOUB.
source : revoltes.free.fr
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L’Algérie dans la chanson de Matoub Lounès
15/10/2006 02:59
L’Algérie dans la chanson de Matoub Lounès
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La Dépêche de Kabylie 05/07/2006 |
Matoub, une personnalité complexe, un texte puissant, profond, troublant, porté par une voix plus proche du tonnerre que du murmure des petites âmes.
Il était une fois un chanteur rebelle. Un chanteur qui n’hésitait pas à dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Un chanteur-combattant, un chanteur-hurlement, un chanteur-vérité qui bousculait et bouscule encore avec force et brutalité les certitudes les plus ancrées, les convictions les plus solides, les visions les plus répandues.
Il était une fois, Matoub Lounès.
Matoub, une personnalité complexe, un texte puissant, profond, troublant, porté par une voix plus proche du tonnerre que du murmure des petites âmes.
Matoub, un baroudeur du verbe, de la parole, qui a poussé ses adversaires à leurs limites, jusqu'à user de leurs barouds assassins pour le réduire au silence.
A l’occasion du 8e anniversaire de son assassinat le 25 juin 1998, et à l’approche du 5 Juillet, date de l’Indépendance et de l’émergence de l’Algérie comme nation et Etat souverain, l’idée de porter une fugace attention sur la place de l’Algérie dans la chanson du Rebelle m’a effleuré l’esprit. Seulement, devant l’ampleur de l’entreprise qui réclame beaucoup de temps et de moyens, tant l’Algérie a traversé en profondeur la production de Matoub, je m’arrêterai à quelques extraits de son riche répertoire.
Ce 24 juin 2006, Radio Berbère a réservé un temps pour la chanson de Lounès. Debout, je savourais cette poésie et cette musique que seul Matoub avait le génie de composer et d’interpréter. Cette fois, l’écoute du dernier vers d’un morceau de sa chanson Aghuru m’a particulièrement interpellé. J’étais grandement ému par la subtilité du poète. En effet, même dans sa révolte, même quand il verse carrément dans la subversion et la provocation, il a ce génie de prémunir l’essentiel et de ne pas faire de l’accessoire son centre d’intérêt. L’essentiel c’est l’Algérie, et il fait d’elle la première et la seule bénéficiaire de sa révolte :
Ma dwa-s a-ncerreg tamurt,
A-nekker s tura,
Ahat akken, a yatma, a-tt-naqel “lezzayer”
Seg ghuru,
Ces vers qui expriment un fort dépit, une singulière impatience de voir la situation évoluer et les choses changer pour le meilleur, nous renvoient l’image d’un homme d’action, un homme qui ne veut plus temporiser, attendre indéfiniment, mais qui désire provoquer les événements et les influer.
«S’il faut déchirer le pays pour faire avancer les choses et permettre à l’Algérie de se débarrasser de l’ «illusion», synonyme du mensonge, il faut y aller», chantait Lounès.
«A-ncerreg = déchirer», dans cette chanson qui a tant fait de bruits, n’est pas «bettu = diviser», comme le laissent entendre certains, mais c’est plutôt bouleverser, secouer, renverser, ébranler. Incontestablement, si le sens voulu dans ce vers était celui de diviser, nous n’aurions pas l’Algérie comme une entité à laquelle la révolte permettra de rompre avec le mensonge dans les vers qui suivaient, mais une autre entité qui émanera de la division de celle-ci.
Celui qui a chanté : “A mes frères, à l’Algérie entière, des montagnes du Djurdjura jusqu’au fin fond du désert…”, ne pouvait pas prêcher autre chose que le combat pour permettre un avenir meilleur à cette Algérie chérie.
Yiwen yezdegh sraya
Wayedh ddaw n tmedlin yerka
F lzayyer aazizen.
Chantait Lounès en hommage aux prisonniers politiques arrêtés en 1985 pour leurs actions en faveur des droits de l’Homme.
D’ailleurs, dans le dernier couplet de la chanson Aghuru, Matoub revient à la charge, en mettant en avant l’honnêteté, le savoir et la raison, comme moyens privilégiés de dépassement de la crise nationale :
S tezdeg d ssfa n leâqel
S a-nnezwi Lzzayer
Seg ghuru.
Ici, l’Algérie est présentée comme un tissu qu’il faut agiter afin de le dépoussiérer, de le débarrasser de ce qui le salit. Dans cette chanson, controversée et polémique dans son support musical, Matoub dissocie nettement l’Algérie en tant qu’Etat et patrie, de son pouvoir, de ses gouvernants, de ses dirigeants qu’il critiquait sans aucune modération.
Dans leur système de défense, ceux-ci confondaient à dessein le pays avec leurs êtres, pour n’en faire qu’un. Considéré sous cet angle, toute remise en cause de leur emprise sur le pays était synonyme d’atteinte à la sécurité de l’Etat.
C’est dans le cadre de ce schéma élaboré afin de sécuriser les tenants du pouvoir qu’il faudra analyser et comprendre les tentatives de fabriquer à Matoub l’image d’un séparatiste et d’un antinational.
En effet, par leur entêtement à bafouer les droits les plus élémentaires comme celui du droit à l’usage officiel de sa langue et à la reconnaissance de sa personnalité, entêtement qui se matérialisait par des situations de pourrissement politique, les gouvernants acculaient les défenseurs des libertés à un radicalisme fatal et sans lendemain. Matoub, à l’avant-garde du combat identitaire, avait le génie d’échapper à chaque fois à ce conditionnement et à placer son engagement dans celui de la lutte globale pour le redressement de l’Algérie.
Matoub aimait l’Algérie, il l’aimait à sa façon, telle qu’il la souhaitait, telle qu’il la concevait, et non pas telle que les pouvoirs successifs l’ont façonnée, froide, glaciale, insensible aux amours et aux souffrances de ses enfants.
Sans cette Algérie, avec ses tourments et ses difficultés plurielles et multidimensionnelles, Lounès n’aurait jamais été Lounès que toute la jeunesse admire pour sa bravoure et son audace. Sans cette Algérie qui traverse des moments cruciaux de son histoire, Matoub aurait été un homme ordinaire, comme l’aurait été Si Mohend U Mhend sans le soulèvement de 1871, dirigé par Cheikh Aheddad et lhadj Lmokrani.
Pour Matoub, la responsabilité de la situation que vit le pays, des malheurs qui le secouent, qui l’installent dans une sorte de défaite permanente, incombe aux hommes et non pas à l’Algérie. D’ailleurs, il le dit fort bien :
Lezzayer telha,
Ur tt-ixus wara,
i-tt-ixusen d irgazen…
Ces hommes qui font défaut à ce beau pays, qui ne s’affirment pas pour relever le défi de son développement, ce sont ceux-là mêmes qui le dépouillent, le froissent, le dévalorisent avec des conduites et des actions qui ne lui font pas honneur.
Les autres, ceux qui l’avaient arraché aux griffes du colonialisme, comme Abane, Krim, Ben Mhidi, l’Algérie ne leur a pas fait bonne place sur ses «plaquettes». Le Rebelle dénonçait la mésestime affichée à l’égard des symboles de la Révolution. C’est dans une chanson qui retrace l’histoire ancienne et actuelle du pays, que Lounès reproche à l’Algérie son incapacité à se redresser :
A Lzzayer hader ad tt-segmedh
Ad tekkedh nnig n tmura,
Dans ce texte, l’Algérie est considérée dans son ensemble, confondue à un être qui peine à s’en sortir. C’est avec un reproche mêlé de dégoût que Matoub s’adressait à cette Algérie qui se complaisait dans l’indigence.
Comme tout grand patriote, il était révolté par cet état de fait. D’ailleurs, la situation de l’Algérie le rendait malade, comme il le chantait dans sa dernière cassette.
L’Algérie, c’était son point de départ et sa destination ultime.
Entre eux, c’était l’histoire d’un amour contrarié, d’un amour déchirant, d’un amour aussi fort et aussi fou que celui de Roméo et de sa Juliette, à cette différence fondamentale que Juliette de Lounès est toujours en vie, et elle le restera tant qu’il y aura Arraw n lehlal (*) .
(* ) Les enfants légitimes.
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par Brahim Tazaghart |
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