Un artiste de cette décennie 80 riche en créativité artistique, d’artistes engagés qui ont contribué à la résurgence de notre patrimoine et à revendiquer tamazight
Mahfoud Inemlayen est un artiste militant qui a porté la revendication identitaire dans les années 80 avec le groupe Inemlayen. C’était une époque qui a produit Isulas ou Yugurten. A l’origine Inemlayen est un groupe formé de Mahfoud Mekbel, Zahir Kasri, Djamel Mansouri, Omar Khrib et quelques autres personnes que le militantisme berbère et leur passion de la musique à fait rencontré. Inemlayen c’est ce morceau « tsxilem a yema » dont surement beaucoup se rappellent la belle mélodie.

Aujourd’hui Mahfoud continue seul avec la même passion à porter sa musique et son message. Mahfoud est d’At Smaaun, un village de la Soummam. Né en 1961, adjoint d’éducation de profession, il a connu le militantisme des années 70 et 80, le printemps berbère, partagé entre son art et la volonté de militer activement il à choisit de passer son message par la musique
KC : Mahfoud peut tu nous parler des débuts du groupe sur scène ?
Au début nous chantions partout ou l’on été invité et ou on nous acceptait c’est-à-dire en Kabylie, Bejaia, el Kseur, Kherrata et même dans les villages, c’était l’esprit de l’époque, la rage de s’exprimer, l’idéal, l’envie de participer au combat kabyle. Notre première grande prestation publique c’était au 2eme festival des arts populaires à Alger en 1982. Nous avons eu un bon accueil du public et même reçu un prix, d’ailleurs, j’ai une anecdote à ce sujet si tu le permets...
KC : Avec plaisir !
C’était à la salle Atlas. Nous tenions à chanter à avec des signes clairs de notre revendication. Il y avait partout des signes AZA sur la scène, la télévision algérienne qui avait filmé le concert à montré tous les participants sauf notre groupe. Le plus amusant c’est que le prix nous a été remit des mains du président de la république de l’époque.
KC : Y a-t-il des enregistrements de cette époque ?
La passion était notre moteur, nous avons autoproduit tous nos titres dans un des premiers studios d’Azazga celui qu’utilisaient de nombreux artistes de l’époque dont le groupe Yugurten que certains connaissent. Le résultat c’est le 1er album éponyme avec une dizaine de chansons. C’était les moyens du bord et de l’époque mais je suis content du résultat. Il fallait beaucoup de ténacité aussi. Nous essayions tout de même d’être originaux, même dans nos spectacles. Il y avait des chorégraphies et ce que je pourrais appeler une mise en scène des textes. Nous pouvions être quelques fois jusqu’ une vingtaine de personne face au public…. Cela me rappelle la fois où nous nous étions produits au stade d’El Biar…. Mais c’est encore une anecdote….
KC : Ne te gène surtout pas Mahfoud…………
Nous voulions en quelques scènes relater l’histoire de l’Algérie à l’appui de notre prestation musicale. Il y avait donc un groupe d’amis, tous des hommes, habillés en femmes kabyles à la traditionnelle, tu imagines donc le tableau : robe, timehremt, le foulard etc. Et voila que dés l’évocation de la Kahina, on entend des quolibets, des sahhara (sorcières) enfin c’est ridicule mais c’est pour dire qu’il y a encore des réactions allergiques de ce type !
KC : Par rapport à cette 1ere période de inemlayen y a il eu des albums commercialisés ?
Par rapport à notre musique, il y a déjà des freins, c’est de la chanson militante donc un créneau particulier, peu d’éditeurs prennent le risque. Bien que nous ayons autoproduit tous les albums nous n’avons trouvé quasiment personne pour la promotion ou l’édition. Je dois dire que j’ai pu commercialiser un album avec CADIC mais j’ai assuré la promotion moi même au travers des spectacles que j’organisais.
KC : Mahfoud en 1983 tu pars en France, c’est la fin d’Inemlayen ?
Le groupe s’est dispersé simplement à cause des circonstances de la vie. Je décide de partir en France pour des raisons personnelles en ayant le projet de continuer à chanter et à me produire et pourquoi pas en trouvant de meilleures conditions d’expression
KC : A partir de cette époque Inemlayen devient Mahfoud inemlayen ca ce passe comment ?
J’ai contacté les producteurs de la place (kabyle) et les associations culturelles amazighes qui ont eu beaucoup plus de répondant. Avec ces dernières j’ai fait des concerts partout en France, région parisienne, Rennes et Nantes en Bretagne, en Moselle aussi ou encore à Saint Etienne... Il faut dire que j’ai chanté partout où il y a une communauté kabyle y compris dans des petits coins dont je ne me souviens que du nom du département. Des radios m’ont aussi diffusé, radio tamazight devenue radio tiwizi aujourd’hui disparue, radiobeur qui est devenue beurfm je crois, radio pastel de Lille, des radios communautaires en général…durant ces année, le public a été présent, réceptif. J’ai vécu des situations ou des membres de l’amicale des algériens en Europe, profitant de leur présence dans une manifestation « communautaire » marquaient leur colère en quittant bruyamment la salle ou en envahissant la scène !
KC : Revenons à ces producteurs de la place y a t il eu une collaboration aboutie ?
J’ai eu une expérience pas très probante avec un éditeur de Barbès et donc je me suis tenu à mon leitmotiv : on ne peut et doit compter que sur sois. Je me suis résolu à être mon propre producteur, diffuseur et agent. J’ai donc produit à mon compte deux albums l’un en 1992 et l’autre en 1999. En 2002 je décide de faire un break car je suis éreinté, fatigué.
KC : Découragé peut être ?
Ce n’est pas le mot, j’ai fais ce que j’avais à faire, ce que en quoi je crois, mon amour de la musique, ma passion pour cette cause qui nous concerne tous. Il y a les circonstances de la vie et aussi mon métier car je ne vit pas de ma musique. Aujourd’hui la parenthèse est close et je suis prêt à m’investir de nouveau dans ce qui me tient à cœur !
KC :Cela veut dire un nouvel album ?
Cela veut dire beaucoup de nouvelles créations. Pour l’instant j’ai choisi de fixer sur disque un mélange d’anciennes chansons et de nouvelles car les thèmes sont toujours d’actualité.
KC : Mahfoud tu ne mets jamais de titres à tes albums, cette fois si ? et au fait pourquoi ?
Toujours pas ! Cela vient de l’époque d’Inemlayen, Nous avions la rage de nous exprimer, il y avait de l’urgence dans cette envie de crier la Kabylie. Nous trouvions que les chansons parlaient d’elle-même et qu’il n’y avait pas besoin de rajouter une étiquette en plus….bon c’est un choix et je le fais encore, ca accroche peut être moins mais je trouve qu’on ne résume pas tout en deux mot et il faut aller vers les chansons……je compte le faire cependant sur mes prochaines productions, plutôt comme un asefru qui donnera le ton de l’album !
KC : Mahfoud, le Militant que tu es à surement envie de dire quelque chose sur l’Algérie, la Kabylie….. ?
Je dirais que la démocratie à l’algérienne s’exprime ainsi : Etre arabe oui, être algérien c’est rien, être berbère c’est moins que rien ! Et pourtant ce dernier à toutes ses raisons d’insister pour exister dans son propre pays, l’avenir nous le dira. Il est temps que tous les berbères prennent leur destin en main ! Mon rêve est de voir tous les berbères s’unir pour la même cause et sortir notre culture et notre langue de l’incertitude.
KC : Mahfoud Inemlayen Tanemirt
Pour Kabyle.com Ferratus
Source : http://www.kabyle.com/INEMLAYEN,11964.html#forum
un article dans le journal Alsace