C’est très jeune que Belqasem Ihidjaten a commencé à composer des poèmes (1974-1975) et c’est depuis longtemps qu’il rêve de se voir publier. Ce rêve est réalisé puisqu’en 2004 il voit son premier recueil de poésies publié en Kabylie quelques temps après s'être installé à Montréal.
Kabyle.com : M. Ouidja, vous faites de la poésie depuis des années, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Boussad Ouidja: Avant de commencer, je tiens d’abord à Saluer tous les lecteurs de Kabyle.com. En effet, j’écris des poèmes depuis mon jeune âge. Depuis mon arrivée à Montréal, ma passion pour l’écriture s’est accentuée. C’est ainsi que plusieurs ouvrages ont vu le jour dont le tout dernier recueil « À travers la brume ou Udhir Uffir ».
Pouvez-vous nous donner plus de détails quant au choix de ce titre ?
Ce titre en lui-même veut tout dire. Dans ce recueil, j’ai parlé de beaucoup de choses, j’ai abordé certaines vérités de mes frères, de mon peuple… J’ai soulevé des thèmes qui demeurent encore tabou en vulgarisant les banalités de ma communauté.
Je pense que «Udhir Uffir » est le 6ème livre paru. Pouvez-vous nous parler de vos premiers recueils ?
Effectivement il y a eu des recueils avant Udhir Uffir (édité chez l’Harmattan à Paris). Il y a eu, Ahiwec (le glanage),Tamusta n isefra (poignée de poèmes),Seg wawal ar wayedh (du mot a l’autre),Assegres (Lange)
Ces quatre recueils sont édités à compte d’auteur. Itij assemadh (le soleil froid ) a été édité par le HCA (Haut Commissariat à l’Amazighité)
Et pour le dernier, il est également édité à Paris par l’Harmattan.
Nos sages disaient « C’est la misère qui fait faire des vers «d lmahna i g sfruyen» est-ce vrai ?
Il est très difficile de contredire la sagesse populaire, sauf que la misère change aussi de visage. La misère évolue avec le temps et les mœurs ce qui est tout à fait naturel.
Avec tous les recueils parus et ceux à paraître bientôt, je constate que la poésie occupe une grande place dans votre vie, pouvez-vous nous en parler ?
C’est vrai que la poésie me passionne énormément et que j’y consacre une grande partie de mon temps. La poésie est le cri du cœur et apaise les âmes.
Pouvez-vous nous parler de votre premier essai poétique si vous vous en souvenez ?
Si mes souvenirs sont bons, je devais écrire mes premiers textes en 1975. Je vous livre ci-après un petit extrait :
Ma yettnuzu ssber fell-am
At ayey mebla ….ssuma
Itij icerquen s ttlam
Yer yuri ur yennulfa
Ad cfuy fellam
3uhday-kem a tanina…
Vos poèmes versent légèrement dans «la poésie engagée» est-ce voulu ? Je cite par exemple le poème : «Iqcer» (Les lambeaux de chair) * ou encore «Tilwit" (l'existence)**
Vous savez que l’engagement est aussi un mot complexe. Chacun peut lui donner un sens ou son interprétation.
Je peux citer l’exemple de Che-Guevara : Beaucoup pensent qu’il n’est aussi engagé que ça du fait qu’il a quitté sa patrie « Cuba », or peut-on mettre en doute son engagement pour la révolution cubaine ?
Dans «Udhir Uffir» vos poèmes touchent à tout : l’exil, la misère, la nostalgie et l’amour et plusieurs sujets de la vie quotidienne. Nous ressentons en les lisant que ça vous affecte beaucoup, pourquoi ?
Vous savez, Madame, on n’est jamais heureux en terre d’exil quelles que soient les conditions dans lesquelles on vit et tant que nous vivrons dans un pays qui ne nous a pas vu naitre, on ne pourra jamais être heureux. Le poids de la nostalgie pésera toujours sur nous.
Vous avez même traduit en kabyle un poème de Rimbaud (Le dormeur du val), comment vous est venue l’idée de toucher à l'oeuvre de ce grand homme ? Est-ce que ça été facile de le traduire ?
Je n’ai pas seulement traduit un texte de Rimbaud, mais de beaucoup d’autres auteurs aussi, tel que Gilles Vigneault, Apollinaire, Nelligan, Enrico Macias. Dans chacun de mes recueils je rajoute une traduction d’un auteur. C’est ma vision d’enrichir notre langue avec des idées d’hommes qui ont marqué le monde et leur peuple.
Vous avez encore 5 recueils en voie de parution ? Ça sera pour quand et pouvons-nous connaître les titres ?
Il y a encore 8 manuscrits finis, saisis et archivés prêts pour être édités. Des promesses sont là mais la concrétisation se fera avec le temps . Concernant les titres, nous attendrons leur parution pour le connaitre.
Vous vivez à Montréal depuis plus de 10 ans, vos livres sont édités en Kabylie, pour ceux qui vivent ici au Canada ou ailleurs, comment peuvent-ils les acquérir ?
Pour le dernier, c’est a dire "Itij assemad (le soleil froid )" quiconque peut l’avoir par le billet d’Internet chez l’édition L`Harmattan. Pour les autres recueils, ils se vendent a Tizi-Ouzou, Bejaia et Bouira sinon ils pourront me contacter et je leur ferai parvenir le recueil du titre désiré .
Le mot de la fin M. Ouidja ?
Je vous remercie infiniment pour l’intérêt que vous portez à ma poésie comme je remercie également Kabyle.com pour l’espace qu'il m’offre. J’aimerai lancer un appel à mes frères Kabyles afin qu’ils produisent et qu’ils écrivent dans notre langue. C’est de cette façon que notre langue et notre identité soient sauvegardées.
Tout reste à mettre noir sur blanc pour les nouvelles générations. De ce fait, il faut écrire, écrire…écrire en kabyle.
Tanemirt
Propos recueillis parTassadit Ould-Hamouda - Kabyle.com Montréal
Source:http://www.kabyle.com/fr/articles/entrevue-avec-m-boussad-ouidja-belqacem-ihidjaten-19520-10042012.html